Il est le président du FCTT: Loïc Châtelain à cœur ouvert

Loïc Châtelain dirige le FCTT depuis 2015. (Photo Alain Boillat)

Sauf aux yeux de certains esprits chagrins qui n’ont rien compris et passent leur temps à salir ce que font les autres, le FC Tavannes/Tramelan s’est taillé une réputation de club stable, sain, sérieux et en constante progression. Un club rassembleur cherchant aussi à défendre certaines valeurs humaines. Un club où, au-delà de l’aspect purement sportif, il fait bon vivre. Affirmer que son président Loïc Châtelain y est pour quelque chose relève de l’évidence. Alors il était grand temps de s’attabler avec le «boss» pour discuter de choses et d’autres…

Loïc, au terme de la présente saison, tu arriveras au terme de ta 8e année de présidence. Quel est ton sentiment général au moment de dresser un premier bilan de cette longue période? Tes attentes initiales ont-elles été remplies?

Elles l’ont été dans une large mesure, oui. En m’engageant en 2015, je ne m’étais pas fixé de limites, ni minimales, ni maximales. Mon intention était de construire pas à pas quelque chose de durable. Et c’est ce qu’il s’est passé. Le développement réjouissant de notre mouvement juniors (réd: MOJU), qui me tient particulièrement à cœur, est là pour en témoigner. Mais au début, j’ai péché un peu par naïveté…

Pardon?

Je n’avais pas pleinement pris conscience de l’intérêt, et même de la nécessité d’aligner une équipe en 2e ligue inter. Je n’avais pas mesuré l’impact que cela pouvait avoir sur le club. Donc je ne faisais pas du maintien dans cette catégorie de jeu un objectif absolu. Au fil des ans, j’ai dû réviser ce jugement. Aujourd’hui, notre équipe fanion est devenue une adresse attractive qui nous permet d’attirer de jeunes talents de la région formés au Team BEJUNE. Notre propre vivier ne suffirait pas à assurer la relève à ce niveau. Il faut un mélange des deux. En tout cas, on remarque que la création d’une équipe de juniors A de niveau supérieur répondait à un réel besoin. Il fut un temps où nous perdions trop de joueurs à l’âge de 15 ou 16 ans.

Est-ce que tu as l’intention, lors de l’assemblée générale de juin prochain, d’accepter un nouveau mandat de deux ans?

Ai-je vraiment le choix? Personne ne se profile à l’horizon pour me remplacer. Alors oui, je vais rempiler pour une nouvelle période de deux ans, au terme de laquelle, après une décennie de présidence, il sera temps de passer le témoin. Une certaine lassitude se faisant sentir, d’autres membres du comité voudront se retirer également à ce moment-là. D’ici là, il nous appartiendra de préparer l’avenir et de partir à la chasse de possibles successeurs.

Diriger un club d’une telle dimension à titre bénévole ressemble à un apostolat. Et c’est une tâche à la fois exigeante et chronophage. Quelle est ta recette?

D’emblée, je suis parti du principe qu’il m’était strictement impossible d’agir seul. Du coup, il était primordial de répartir les tâches de manière équilibrée et de confier à chaque dirigeant, à chaque fonctionnaire et à chaque commission élargie un cahier des charges clair et précis. J’ai la chance de pouvoir m’appuyer sur un comité homogène, composé de potes complices qui savent ce qu’altruisme veut dire et qui se respectent mutuellement. Voilà qui facilite les choses. Le club fonctionne sur un budget de près de 300 000 francs, il convient donc de le gérer comme une petite entreprise, en tablant sur une organisation interne bien structurée.

Qu’est-ce qui a changé ces dernières années au FCTT?

Une chose avant tout: nous avons progressivement réussi à combler le fossé qui existait naguère entre les actifs et le MOJU. A mes débuts, il s’agissait de deux entités distinctes, qui possédaient d’ailleurs des caisses séparées. Trop de monde au sein du club cautionnait alors ce mode de faire, que je considérais pour ma part comme une anomalie. Aujourd’hui, tout a été harmonisé, non seulement dans le domaine financier, mais aussi en matière de vision sportive. N’oublions pas que l’avenir de notre club dépend pour beaucoup du travail qui se fait à la base.

La formation, c’est le cheval de bataille des dirigeants du FCTT…

Effectivement. Nous tentons sans cesse de nous améliorer dans ce domaine. L’engagement l’été dernier, au poste d’entraîneur des juniors A, d’une pointure comme Christophe Bigler était une mesure prise dans cette optique. Avec quelques mois de recul, je la qualifie de pleine réussite. Christophe a le feeling, c’est un bon pédagogue et il est très apprécié des joueurs. Par ailleurs, nous avons signé l’hiver dernier un contrat de consulting avec Cyrille Maillard, le directeur technique de l’Association jurassienne, charge à lui d’ausculter l’ensemble des activités de notre MOJU, de dire ce qui ne va pas et de proposer des solutions pour progresser. Il est utile parfois de se remettre en question et de s’ouvrir au regard neutre de quelqu’un qui n’est pas du sérail.

A ton avis, le FCTT a-t-il bien su s’adapter à la restructuration en cours de la 2e ligue inter?

Eh bien oui, les résultats positifs obtenus jusqu’ici cette saison l’attestent. Au commencement, il y a un an environ, la stratégie nouvelle que nous avons choisi d’adopter pour tenter de nous établir durablement dans cette ligue a fait débat (réd: Loïc fait allusion à l’introduction d’un système d’indemnisation modérée des joueurs et à l’engagement d’un attaquant étranger, le Français Walid Medjkane, cette dernière mesure ayant toutefois fait long feu après seulement six mois). Mais aujourd’hui, les voix critiques se sont tues. Nous avons même enregistré des réactions favorables dans le cercle de nos sponsors.

Le club vient de renouveler pour un an, jusqu’en juin 2024, le contrat de l’entraîneur Steve Langel…

Cela relevait de l’évidence et n’a fait l’objet, à l’interne, d’aucune contestation. Tant que Steve est motivé et que son message passe auprès des joueurs, il n’y a pas de raison de s’en séparer. Avec lui, les planètes s’alignent. Il est un bon formateur, possède une riche expérience et épouse en tous points la philosophie du FCTT. Et on constate cette saison que son travail sur plusieurs années porte ses fruits.

Et à part ça, peut-on qualifier la nomination de Blaise Ducommun au poste de directeur sportif de bonne pioche?

Oh oui! Ce passionné a pris son job à bras le corps. Il règle mille et un détails et cet engagement exceptionnel a permis au club de passer à une étape supérieure.

Evoquons la question qui fâche, le problème récurrent et non résolu de l’insuffisance des infrastructures footballistiques à Tramelan et à Tavannes. Cette lacune se fait sentir avec une acuité redoublée lors de la mauvaise saison et même ces derniers temps. Où en est-on dans ce dossier aux allures de serpent de mer?

J’espère toujours pouvoir mener à bien le projet de construction tant attendue d’un terrain synthétique. Tramelan vient de se doter d’un nouveau maire (réd: Hervé Gullotti, le père d’Amiel, un de nos juniors A), tandis que le visage du Conseil municipal de Tavannes a été partiellement renouvelé. Nous sommes en discussion avec ces personnes, qui me donnent l’impression, contrairement à leurs prédécesseurs, d’avoir compris la nécessité de nous doter d’une pelouse en gazon artificiel. L’affaire suit son cours, rien d’autre à dire à ce sujet pour l’instant. Sauf que j’espère que ce projet finira par se concrétiser au plus tard en 2026, à l’occasion du 25e anniversaire de la fusion entre Tavannes et Tramelan.

Sinon, quels sont tes autres chantiers actuels?

Ces temps-ci, nous sommes à la recherche de bénévoles, de très nombreux bénévoles. Il en faudra un pour remplacer Jocelyn Houlmann, le responsable des infrastructures tramelotes, qui nous quitte à la fin de la saison. Et il en faudra quelque 300 (réd: oui, trois cents!) pour aider au bon déroulement de la Fête cantonale de lutte, les 24 et 25 juin à Tramelan. Il faut savoir que les éventuels bénéfices de cette immense manifestation sportive seront répartis au prorata du nombre de bénévoles mis à disposition par les trois sociétés organisatrices, dont le FCTT.

Un mot justement sur la situation financière du club?

Nous n’avons pas à nous plaindre. Nous parvenons à assumer notre train de vie sans tomber dans les chiffres rouges. Trois sources de revenus différentes nous permettent de couvrir le budget, à raison d’un tiers chacune environ: les cotisations et autres subventions Jeunesse & Sport, les manifestations et le sponsoring. Une sorte d’équilibre parfait. S’il le fallait vraiment, c’est-à-dire en nous montrant plus agressifs, nous pourrions développer encore un peu le secteur du sponsoring.

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«Un juste retour des choses»

Tramelot pur sucre de 46 ans, marié à Laurence et père de deux adolescents, Leno (16 ans) et Ludo (14), par ailleurs frère aîné de Maël, autre membre du comité, Loïc Châtelain a accédé à la présidence du FCTT en 2015, reprenant le flambeau des mains de Michel Bourqui. Depuis lors, cet ardent défenseur des valeurs de  l’amateurisme pur et dur, qui a de la suite dans les idées, dirige le club de main de maître. Son dynamisme fait merveille et suscite une belle émulation.

Dans une interview parue en août 2021 dans «Le Journal du Jura», Loïc Châtelain expliquait pourquoi il n’attachait pas de l’importance qu’aux seuls résultats sportifs. «L’aspect social et très humain qui constitue l’ADN de ce club est pour moi une grande source de satisfaction», disait-il en substance. «Le foot chez nous, ce n’est pas que du sport, c’est une école de vie, un apprentissage du savoir-vivre.» Il dévoilait aussi les raisons de son engagement à la tête du FCTT: «Je m’implique pour rendre quelque chose à une société qui, précédemment, m’a beaucoup donné. C’est un juste retour des choses. J’ai la chance de bénéficier du plein soutien de ma famille. Sans sa compréhension, il me serait impossible de mener une activité aussi prenante».

Avant de devenir le patron du club, Loïc Châtelain a suivi la filière classique, d’abord au sein du MOJU, puis comme joueur actif, en occupant plusieurs postes différents. «Mais ma carrière de footballeur n’a pas dépassé le stade de l’éphémère, en raison surtout de mes absences», sourit-il. «Pendant plusieurs années, mes obligations professionnelles m’ont souvent conduit à l’étranger.»

Dans la vie civile, Loïc Châtelain, formé à l’origine comme mécanicien-électricien, est engagé depuis cinq ans au service de l’entreprise Brütsch-Rüegger Tools, basée à Urdorf, dans le canton de Zurich. Il en est le responsable du département de l’horlogerie, qu’il a lui-même créé.

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