Il est le capitaine de la 1re équipe: Sergio Cunha à cœur ouvert

Sergio Cunha (maillot rouge), un maillon essentiel du FCTT. (Photo Georges Henz, RJB)

S’il est un joueur qui symbolise quasi à la perfection l’identité et l’âme de la 1re équipe du FCTT, c’est bien Sergio Cunha. A 29 ans, le sérénissime défenseur central en est devenu le capitaine et le leader emblématique. Il sait jouer les chefs de meute et cultiver les relations harmonieuses, alliant intelligence, humilité, envie de progresser, bienveillance à l’égard des autres et savoir-vivre, autant de qualités qui sont d’ailleurs largement perceptibles aussi chez la plupart de ses coéquipiers. Bref, il était grand temps d’aller boire un café avec lui pour faire plus ample connaissance…

Sergio, quand on t’observe sur le terrain, tu donnes l’impression de progresser encore et encore. Et aussi d’en vouloir toujours plus. Alors que d’autres joueurs, à ton âge, auraient plutôt tendance à vivre sur leurs acquis…

Quand, au printemps 2021, je suis revenu au jeu après deux années d’abstinence forcée due à mes deux opérations au genou gauche, il a fallu du temps au passionné de foot que je suis pour me remettre à niveau. J’avoue que mes performances du premier tour de la saison 2021/22 ont laissé à désirer. Mais ensuite, c’est allé crescendo, j’ai réussi à m’améliorer. Je ne dis pas ça pour me vanter, mais j’ai, chevillée au corps, la volonté de devenir meilleur lors de chaque entraînement, lors de chaque match. C’est ma devise, et je m’y tiens.

Comment tu te définirais comme joueur?

Avec le poids des ans, j’accuse une certaine perte de vivacité. Mais je parviens à la compenser par mon sens du placement et de l’anticipation, des arguments qui forment une part importante de ma panoplie. Pour le reste, ma démarche consiste avant tout à faciliter la tâche de mes coéquipiers. Je les dirige, je les replace, je les conseille, je leur donne des pistes pour l’élaboration des actions offensives. Certains joueurs m’ont servi de locomotives à mes débuts, maintenant c’est à moi qu’il appartient de remplir ce rôle. Je trouve cette fonction gratifiante. Et enrichissante, vu qu’elle contribue également à me bonifier. Je suis très content de faire partie de cette équipe et j’espère que l’état d’esprit positif qui y règne persistera longtemps encore.

Tu passes pour un communicateur hors-pair…

Cela participe de mon «cahier des charges» de dirigeant défensif. Et pourtant, certains prétendent que je ne parle pas assez! En tout cas, je prends toujours plus de plaisir à jouer, même si on est d’accord sur le fait que le poste de défenseur central est pour l’essentiel voué au collectif plutôt qu’à la recherche de l’exploit personnel.

Quelles sont tes lacunes?

Il y en a plusieurs. Elles concernent notamment la qualité de ma relance. J’ai commis tellement de boulettes dans ce domaine que je suis devenu prudent au moment d’adresser une passe, pour être sûr qu’elle trouve son destinataire. Mon pied gauche est un autre point faible. Disons que je n’en faisais déjà pas un grand usage avant ma grave blessure au genou (réd: lésion ligamentaire et au ménisque contractée le 25 mai 2019 lors d’un match à Lerchenfeld). Et là, c’est devenu encore plus prononcé…

Au fait, tu t’es bien remis des conséquences de cet accident?

Oui. Le genou grince un peu parfois, mais c’est supportable. J’ai bénéficié d’un bon suivi et j’ai travaillé sur moi pour dompter la peur d’une rechute.

Quel regard portes-tu sur l’évolution de l’équipe en général?

Un regard assez admiratif. Des cycles se sont terminés ces dernières années avec le départ à la retraite de quelques joueurs dominants. Et pourtant, cela n’a pas empêché l’équipe d’épouser une courbe de croissance continue.

Le FCTT a quitté le groupe bâlois l’été dernier pour intégrer le fribourgeois. Un transfert anodin?

Pas tant que ça, en vérité. Les styles de jeu sont différents. Le groupe bâlois nous faisait vivre des matches de grande intensité, qu’on terminait complètement «lessivés». Dans le groupe fribourgeois, c’est l’aspect technique et tactique qui prime. Ce registre nous convient mieux. Physiquement, nous nous situons un cran au-dessus de nos adversaires. Et pour le reste, on s’adapte. Cela dit, je suis toujours aussi «lessivé» qu’avant à la fin d’une rencontre. Mais j’ai moins mal…

Avec son redimensionnement par le haut, la 2e ligue inter exige-t-elle toujours plus de sacrifices de la part des joueurs?

Je ne vois pas de réelle différence. En tout cas, cela ne me pèse pas. Nous autres joueurs du FCTT avons certes tous une vie privée, des ambitions dans d’autres domaines. Mais nous sommes tellement contents de nous retrouver quatre fois par semaine, il règne dans ce groupe un attachement si fort que ces sacrifices paraissent couler de source.

Tu peux nous donner un exemple concret de cette bonne ambiance dont tout le monde parle?

Prenons le cas de notre sortie à ski de fin janvier à Crans-Montana, une tradition qui perdure depuis de longues années. Elle avait été initiée par Steve Langel, qui n’était alors que joueur. Même si l’événement est forcément répétitif, personne ne veut le rater. Cette année, nous étions une vingtaine de participants. Sans entrer dans les détails, qui doivent rester dans la sphère intime du vestiaire, nous avons vécu des épisodes de rires fabuleux. Cela dit, il y a toujours une parenthèse à part dans cette sortie, une sorte de moment de recueillement. Les joueurs en profitent pour dire librement tout ce qu’il leur passe par la tête. Cette fois, certains ont tenu à confesser leur attachement profond à cette équipe, en enjoignant le groupe à tout faire pour perpétuer ses traditions. C’était assez émouvant.

Jusqu’à quand comptes-tu mener cette vie sportive trépidante? Il se chuchote sous le manteau que tu envisages de bientôt mettre un terme à ta carrière à ce niveau…

Cette question me tarabuste aussi, évidemment. Mais je ne suis pas en mesure d’y répondre pour l’instant. Il y a un moment pour tout dans la vie, et le jour viendra où il faudra que je lève le pied et cède ma place à la garde montante. Le tout sera de prendre la bonne décision au moment opportun. Ce qui est sûr, c’est qu’il ne sera pas évident, dans mon esprit, de tourner le bouton. Alors pour aider à y parvenir, il est probable que je finirai ma carrière de footeux en deuxième équipe, puis chez les seniors…

Au cours de ta longue carrière au FCTT, quels joueurs t’ont particulièrement influencé?

En premier lieu, Joachim Geiser. J’ai une grande admiration pour lui. Mais je me dois de citer également Fabio Monti, Grégory Glauser, Yannick Tellenbach, Benjy Mercier, qui m’a beaucoup poussé, et, parmi mes coéquipiers actuels, Steven Habegger, un joueur qui passe souvent sous les radars mais qui fait preuve d’une constance extraordinaire. Et aujourd’hui, de belles figures sont en train d’émerger, comme Wayan Ducommun, Téo Assunçao ou Nicolas Strahm, pour ne citer qu’eux, des garçons très impliqués dans la vie du vestiaire. Ils ont franchi un cap et sont prêts à endosser des responsabilités. Je rappellerai qu’il fut un temps pas si lointain où la camaraderie a joué un rôle crucial dans l’obtention de notre maintien en 2e ligue inter. Cet aspect-là, il ne faut surtout pas le négliger. Il fait partie de notre ADN, il est la pierre angulaire de tout le reste.

Comment vois-tu la fin de saison de cette équipe au lendemain de sa belle victoire (2-0) face à Erguël?

Nous devons nous montrer ambitieux pour rester dans la dynamique actuelle, tout en conservant les pieds sur terre. Aucun match n’est facile en 2e ligue inter. Même les moins bien classés rivalisent parfois avec les meilleurs. Au-delà de la présente saison, j’ai bon espoir que nous parvenions à nous installer dans la durée dans la première moitié du classement.

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Un mauvais perdant qui s’est soigné au ping-pong

Tramelot pur sucre tout en ayant conservé sa nationalité portugaise (son patronyme à rallonge ne trompe pas), Sergio Daniel Cunha Oliveira, qui est né le 21 septembre 1993, n’a connu qu’un seul club depuis qu’il a fait ses premiers pas de joueur, au sein de l’école de foot du FCTT. A l’heure où le tourisme footballistique bat son plein, cette fidélité est assez rare pour être soulignée. «Mais au bout d’un certain temps, vu que j’étais un très mauvais perdant, il a fallu qu’on me détourne de ce sport pour que j’apprenne à faire la part des choses. Pendant quatre ans, j’ai alors pratiqué le ping-pong. Toutefois, l’envie de revenir au foot était la plus forte et j’ai réintégré le club à l’âge des juniors C.» Aujourd’hui, il déteste toujours perdre, mais sait contenir ses émotions…

Quand bien même il n’était sans doute pas le joueur le plus talentueux au départ, Sergio, un ancien milieu offensif reconverti en défenseur central, est devenu au fil des ans une valeur sûre de la 1re équipe, dans un rôle de grand frère auquel chacun accorde volontiers sa confiance. Au sein de ce groupe très jeune, son calme imperturbable, son autorité naturelle et son charisme font merveille. Sans parler de sa légendaire élégance vestimentaire…

Et dans le civil? Titulaire d’un master de l’Université de Neuchâtel, Sergio exerce le métier de chargé en communication au sein du département marketing de l’entreprise horlogère Edox et Vista, aux Genevez. «Une boîte familiale qui emploie une trentaine de personnes et qui offre un cadre assez semblable finalement à celui du FCTT», s’amuse-t-il. «Je m’y plais beaucoup, car j’ai la chance de pouvoir y développer des activités très variées.»

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