Steve Langel: absent trois mois, mais pas tant que ça finalement…

Steve Langel vit une expérience peu banale loin de son équipe. (Photo Georges Henz, RJB)

Le FCTT, ce club où les notions de chaleur humaine et de bienveillance ont encore un sens, ne fait décidément pas grand-chose comme les autres. Et c’est peut-être précisément cette touche d’originalité qui lui confère ce charme si particulier.

Examinons le cas de Steve Langel. En pleine préparation des importantes échéances sportives du printemps, voici que l’entraîneur à succès de la première équipe – en poste depuis l’été 2016 – disparaît de la circulation pendant trois mois. Motif de cette longue absence, appelée à se prolonger jusqu’à fin mars: le technicien tavannois séjourne à Fribourg-en-Brisgau pour perfectionner ses connaissances d’allemand. Vous en connaissez beaucoup, chères lectrices, chers lecteurs, des clubs de ce niveau qui eussent accordé un tel bon de sortie à leur personnage le plus influent? Poser la question, c’est y répondre.

Loïc Châtelain: «J’y vois plutôt une chance»

Mais au FCTT, comme chacun sait, le mode de faire et de penser est différent. Preuve de l’immense confiance qu’il a su gagner à l’interne au fil des ans, Steve Langel a reçu le feu vert de ses dirigeants pour cette parenthèse peu ordinaire, tandis que l’équipe a été placée temporairement sous la responsabilité des deux entraîneurs assistants Kevin Studer et Yannick Langel.

«Cette situation n’est pas banale, c’est vrai», concède le président Loïc Châtelain, «mais, en même temps, nous connaissions le choix de Steve depuis longtemps. Chez nous, tout se passe dans la simplicité. Est-ce qu’on lui accorde un privilège? Je n’ai pas cette impression. En son absence, d’autres s’impliquent. Ce n’est pas un problème. Au contraire, j’y vois plutôt une chance. Pour lui, c’est une manière de souffler un peu, de varier ses activités, avant de repartir de plus belle dans un esprit de continuité. Et pour l’équipe, c’est peut-être une bonne chose que d’entendre un autre discours, une autre intonation…»

«Quelque chose de différent»

Ce dernier week-end, l’intéressé a fait un passage éclair dans la région. D’une part pour assister, mais en tant que simple spectateur, au match amical Reinach – FCTT (2-2) de samedi après-midi. Et de l’autre pour prendre part, le soir, au repas de soutien du club à la Marelle. L’occasion pour nous de bavarder avec lui, mais alors qu’il avait d’ailleurs déjà regagné ses pénates allemandes…

Steve, quelle mouche t’a piqué de vouloir retourner sur les bancs d’école?

J’avais envie, pendant une courte période, d’entreprendre quelque chose de différent, quelque chose que tu n’as en principe jamais le temps de faire dans ta vie bien remplie et bien rangée. Mais c’est vrai que ce n’était pas si évident, à 49 ans, de me lancer dans une vie d’étudiant, de quitter la maison et de m’installer dans un environnement étranger où je ne connaissais personne.

Le but recherché, c’est simplement de perfectionner ton allemand?

Oui, c’est cela. Ma motivation, c’est l’envie de m’améliorer, de mieux maîtriser les conversations. Je ne vise pas une réorientation professionnelle, ça non (réd: il travaille au service de la compagnie d’assurances La Bâloise, dont il dirige l’antenne tavannoise). Mais mes connaissances d’allemand étaient trop rudimentaires pour que je puisse m’impliquer vraiment dans les projets qui se mijotent à Bâle, lors de séances de direction auxquelles assiste toujours un représentant romand.

Et quel est en gros ton programme quotidien à Fribourg?

Tous les jours de la semaine, de 9h à 14h, je suis des cours d’allemand dans une école de langues privée. Mes camarades de classe proviennent d’horizons divers et variés et sont de tous âges. Je ne suis même pas le plus vieux de la classe. J’apprends ainsi à découvrir d’autres cultures, d’autres manières de fonctionner. C’est une expérience enrichissante. Sauf que la plupart des élèves n’ont pas la même soif d’apprendre que moi. Ils ne sont pas très disciplinés et négligent par exemple de faire leurs devoirs… Cela dit, je suis en train de m’apercevoir qu’il n’est pas facile, à mon âge, de me familiariser à fond avec une autre langue. Je ne serai jamais un vrai bilingue!

Et quel est ton emploi du temps le reste de la journée?

Le matin tôt et l’après-midi, je bosse à distance pour mon employeur.

Au fait, quelle a été la réaction de ton entourage au moment de concrétiser ce projet?

Je suis chanceux. Tout le monde a été très conciliant avec moi: mon employeur, le club, mais aussi et surtout ma famille. Mon épouse Pauline, qui est une femme en or, m’a soutenu et encouragé à fond. Du reste, elle me rejoint pratiquement tous les week-ends dans le petit appartement que j’occupe au centre-ville. Mon fils Mathis se déplace également de temps en temps. Il est tout content d’assister avec moi à des matches du SC Freiburg, dans le nouveau stade. Prochainement, j’irai même voir avec lui la partie entre Freiburg et la Juventus, en Europa League. Quant à ma fille Emma, elle a commenté ma décision par ces mots: «Papa, t’es trop vieux pour faire une chose pareille»…

Et au niveau du foot, ça se passe de quelle façon?

Kevin Studer et Yannick Langel font du bon boulot. Je précise qu’ils ont les pleins pouvoirs, tant sur le contenu que sur la composition. Et l’équipe a atteint assez de maturité pour se gérer elle-même. Je suis en contact régulier avec mes assistants, comme aussi avec le directeur sportif Blaise Ducommun et avec certains joueurs. Je suis très au fait de tout ce qu’il se passe, j’ai même visionné plusieurs de nos matches amicaux à la vidéo, puisqu’ils sont filmés désormais.

Tu as le mal du FCTT, tout de même?

Je l’avoue, oui. Le foot, c’est ma passion, et le FCTT, mon club de cœur. Tout cela fait partie intégrante de ma vie.

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