Le derby que tout le monde attend, Mathieu Bueche en tête

Mathieu Bueche vient d'entamer sa 7e saison au FCTT. (Photo Alain Boillat)

Ouf! Pour notre 1re équipe, au lendemain d’une saison 2024/25 d’abstinence, le temps béni des derbies jurassiens bernois est revenu. Ce ne sera plus, comme dans un passé récent, contre Erguël. Pas non plus contre Moutier. Les deux clubs se refont une santé sous d’autres cieux. Non, ce sera une affiche inédite face au néo-promu Birse FC, attendue avec une impatience non feinte ce samedi 6 septembre à Tavannes (coup d’envoi à 16h). Les deux rivaux régionaux n’ont encore jamais eu l’occasion de s’affronter. Normal: le visiteur, né de la fusion de Bévilard-Malleray, Court et Reconvilier, a été porté sur les fonts baptismaux il y a à peine plus d’une année…

De cette confrontation entre l’équipe entraînée par Fabio De Feo et celle dirigée par Steve Langel, un ancien cacique de la maison tavanno-tramelote, on en parle un peu partout, ces jours-ci. A la pause café des entreprises, dans les bistrots du coin, dans les buvettes de stades, dans les chaumières. Et aussi, forcément, dans le vestiaire du FCTT… «Nous n’en faisons pas une fixette, mais bien sûr que ce derby fait l’objet de discussions. On l’attendait, ce rendez-vous particulier, moi surtout. Personne parmi nous n’a envie de le rater», lâche Mathieu Bueche. Courtisan pur jus mais membre du FCTT depuis juillet 2019, le latéral gauche de 22 ans est le seul dans notre camp à avoir porté un jour le maillot adverse, alors dans la section juniors du FC Court.

Il les connaît tous

Faut-il parler du derby de la Birse, du nom de la rivière qui prend sa source au pied du col du Pierre-Pertuis, qui serpente ensuite tout au long de la vallée de Tavannes avant de se jeter dans le Rhin à Bâle, quelque 75 km plus loin? Disons que, pour éviter toute confusion avec la dénomination du club visiteur, on préférera utiliser l’expression de derby du Grand Chasseral. C’est d’ailleurs davantage dans l’air du temps… Quoi qu’il en soit, l’affiche devrait attirer une copieuse affluence du côté de l’Allianz Park. D’autant plus que les prévisions de la météo sont tout à fait encourageantes.

Mathieu Bueche connaît l’adversaire du jour comme sa poche. «Je ne manque pas une occasion d’aller assister à des matches du Birse FC, à l’exemple de samedi passé à Bévilard face à Haute-Ajoie», confie-t-il. «J’ai un tas de copains qui jouent là-bas. Des gens comme Yanis Schneeberger, l’un de mes meilleurs potes. Ou des ex-coéquipiers comme Thibault Wyss, Maël Perrin, Luca Curty ou Loïc Houmard. Ou encore Jonas Houmard et Florian Allemann, qui furent mes entraîneurs chez les juniors. En fait, je connais à peu près tout le monde.»

Le porteur du maillot No 24 sait à quoi s’attendre. «Notre tâche ne sera pas facile», prévoit-il. «Birse est une équipe soudée, qui vit encore un peu dans l’euphorie de sa récente promotion. Elle sait se battre et dispose de joueurs doués techniquement. La bataille sera marquée probablement par une grosse intensité et risque de se décider dans les duels. Pour nous, il s’agira donc d’être costauds dans ce domaine, cela nous procurerait un léger avantage psychologique. Mais nous avons d’autres arguments à faire valoir également, je veux dire dans la ‹jouerie›. Quand on fait circuler le ballon, nous sommes capables d’atteindre un bon niveau…»

Les résultats mitigés de ce début de championnat – une victoire, un nul et deux défaites, similitude parfaite avec le bilan de Birse – ne laissent pas Mathieu de marbre. «J’espérais une récolte de points plus abondante», dit-il. «La réussite ne nous a guère souri. Je pense notamment à ce match de Courroux, qu’il n’était tout simplement pas permis de perdre (réd: l’équipe a galvaudé un avantage de deux buts pour s’incliner finalement 4-3). A chaud, j’ai eu l’impression que la série noire de fin de saison dernière recommençait! Contre Azzurri (réd: 1-1) et Diaspora (0-1) également, il y avait matière à faire mieux avec une meilleure efficacité offensive.»

«Bien là où je suis»

Le fait que Mathieu nous soit resté fidèle lors du récent mercato a pu étonner. «Beaucoup ont pensé que j’allais signer à Birse, mais l’explication est simple. On ne m’a pas contacté», avoue-t-il, «tandis que le staff du FCTT, lui, m’a fait comprendre qu’il comptait sur moi. Honnêtement, je ne sais d’ailleurs pas si j’aurais répondu favorablement à une demande de transfert. Car je me sens bien là où je suis, entouré de mes potes. Nous avons une entente harmonieuse qui ne se limite pas à la pratique du football.»

Reste que notre gaillard se heurte parfois à une rude concurrence interne. «Il faut s’y faire, ce sont les meilleurs, aux yeux du coach, qui sont titularisés», philosophe-t-il. «Je n’ai pas eu beaucoup de temps de jeu ces dernières années, en partie en raison de mes blessures (réd: lire plus loin). Pour essayer de convaincre, je n’ai rien d’autre à faire que de me donner à fond à chaque entraînement.»

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Un élan freiné par deux graves blessures

Chez les Bueche, à Court, toute la famille est mordue de foot. Marc, le père, ancien joueur et ancien entraîneur, ne rate pratiquement pas un match de son fils Mathieu, ni de sa fille Julie (25 ans), qui vient de s’engager au Birse FC, en 4e ligue, après avoir tâté de la 1re ligue à Courroux. Le plus souvent possible, le frère et la sœur se suivent et s’encouragent mutuellement aussi. Et Corinne, la mère, en spectatrice assidue, n’est jamais bien loin.

Mathieu a taquiné ses premiers ballons dans les juniors F de Court, sous la baguette de son paternel. Hormis un intermède de six mois à Bévilard-Malleray, il est resté scotché au stade de Virelore jusqu’en juniors C. Dans cette catégorie-là, Court alignait une équipe faisant partie d’un regroupement avec Moutier. Puis ce fut le signal de départ pour le FCTT, dans les juniors B Promotion. Six ans et des poussières que cela dure pour ce clubiste dans l’âme, garçon poli et bien élevé, un brin réservé mais toujours souriant.

Sur le terrain, comme de bien entendu, ce gaucher à la frappe sèche et à l’engagement sans relâche a le plus souvent occupé le flanc gauche, ces dernières années, que ce soit chez les juniors A ou en 1re équipe. «Plus jeune, j’ai surtout évolué à l’aile et même marqué passablement de buts», sourit-il. «Mais aujourd’hui, ma préférence va au poste d’arrière latéral. N’étant pas trop technique, j’aime le fait de défendre, de stopper l’adversaire, d’être dur sur l’homme au contact…»

Mathieu n’a guère été épargné par la malchance. Alors qu’il n’avait quasiment jamais raté un match jusque-là, son enthousiasme a été douché à deux reprises par de graves blessures. Le 13 août 2022 à Tramelan, une charge brutale de l’Imérien Hugo Doutaz lui a valu trois déchirures ligamentaires à la cheville droite et une longue indisponibilité. Plus grave encore, le 29 avril 2023 à Muri-Gümligen, en retombant après avoir sauté pour éviter un tacle par derrière, il s’est «fait» le ligament antérieur croisé et le ménisque du genou droit. Soit le pire verdict pour un sportif. Conséquences aux multiples facettes: opération à la clinique Rennbahn à Muttenz, huit semaines imposées par le protocole sans pouvoir poser le pied, rééducation musculaire pénible et une année pleine sans jouer. «Aujourd’hui», soupire-t-il, «je n’ai pas peur de me blesser, ça non. J’appréhende juste de devoir à nouveau déclarer forfait au boulot.» La première fois, il avait fait défaut à son employeur durant deux mois. La seconde, pendant carrément six mois.

Le jeune Courtisan gagne sa vie comme charpentier, responsable des apprentis et accessoirement dessinateur technique au sein de l’entreprise Widmer Construction Sàrl, à Eschert

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