Il est le meilleur buteur du FCTT: Maxime Eschmann à coeur ouvert

Maxime Eschmann vit sa meilleure saison sous le maillot du FCTT. (Photo Alain Boillat)

En prélude à la rencontre entre le FCTT et Prishtina de ce samedi 4 mai, nous avons tendu le micro à notre blond attaquant Maxime Eschmann, histoire de faire plus ample connaissance, de mieux cerner le personnage. Le bougre ravit son monde cette saison en faisant feu de tout bois. Il marque beaucoup et adresse de nombreuses passes décisives. Visiblement, il a trouvé en Philippe Rossinelli un entraîneur qui, adhérant à la fois à l’originalité de sa personnalité et de son style de jeu, lui accorde pleine confiance.

«Mon pote Max? C’est un type adorable, toujours à mon écoute. On est unis par une amitié solide. Il possède un caractère bien trempé. Dans la vie comme sur un terrain, il est sûr de lui, n’a peur de rien et s’engage à fond. Quand il décide d’entreprendre quelque chose, il passe à l’acte. Il a en lui ce grain de folie qui me fait rire. Je parle évidemment de folie dans le bon sens du terme. C’est tout sauf un introverti. Dans le vestiaire, il sait s’y prendre pour faire chauffer l’ambiance…»

Celui qui s’exprime ainsi, c’est Thomas Girardi. Même âge (23 ans), même lieu de domicile (Saignelégier), même passion pour le foot, même attitude pugnace sur le terrain, même parcours scolaire et sportif, ou presque: depuis leur tendre enfance, nos deux complices taignons forment un duo inséparable. «Nous nous côtoyons depuis l’école primaire et même en partie depuis le jardin d’enfants», poursuit Thomas. «Mais c’est surtout le foot, d’abord dans les juniors de Franches-Montagnes, puis au Team Jura et enfin au FCTT, qui nous a liés.»

Pour ce qui est de l’actualité, Thomas ne tarit pas d’éloges sur son coéquipier. «Gamin, Max était déjà bon», se souvient-il. «Mais là, il développe tout son potentiel et est en train de vivre sa meilleure saison. En plus, il a la réussite avec lui. Pas besoin d’insister sur l’importance de son rôle dans l’équipe…»

Pas besoin en effet. Mais donnons la parole au principal intéressé…

Maxime, au cours de tes quatre premières saisons au FCTT, entrecoupées par la crise du Covid, une brève parenthèse à Bassecourt et un séjour de quelque six mois aux Etats-Unis, tu avais inscrit 13 buts en championnat et 3 en Coupe de Suisse. Là, en 2023/24, ton total saisonnier se monde déjà à 13. A quoi doit-on cette métamorphose?

A vrai dire, je ne sais pas trop comment l’expliquer. Peut-être parce qu’on se crée davantage d’occasions avec le style de jeu prôné par le nouvel entraîneur. A son image, l’équipe est devenue plus calme, plus posée. Philippe sait nous canaliser. Il crie beaucoup lui aussi, mais explique ensuite pourquoi.

On a surtout l’impression que Philippe t’offre la liberté dont tu as besoin pour t’exprimer…

En effet, et cela m’a valu un temps par exemple de tirer les corners, les coups francs et les penalties. Philippe a confiance en moi et me parle beaucoup, j’ai besoin de ces échanges pour être à l’aise.

Au contraire, son prédécesseur Steve Langel avait plutôt tendance à te marchander sa confiance, non?

A la fin de la saison dernière seulement. A ce moment-là, je sentais que je n’entrais plus vraiment dans ses plans. Cela pouvait se comprendre, car je n’étais plus très productif. Mais sinon, grand respect pour Steve. C’est lui qui m’a lancé, c’est grâce à lui que je joue en 2e ligue inter.

Il y a quelques années, Lulzim Hushi, qui fut ton entraîneur à Bassecourt, confiait à un journaliste, sur le ton de la confidence, que tu étais un joueur ingérable…

Ingérable, moi? Non, je ne pense pas. D’autres joueurs de Bassecourt l’étaient, en revanche. Mais c’est vrai que j’ai du caractère. Et c’est vrai aussi que mon tempérament m’a fait parfois péter un plomb pour rien. Heureusement, j’ai progressé dans ce domaine, je suis devenu plus mature. Je ne sors plus de mon match dès que je rate un truc, je parviens vite à passer à autre chose.

Tu serais mauvais perdant?

Comme tout footballeur. Ni plus, ni moins.

Passons à un point réjouissant, tes qualités. La roublardise en fait-elle partie? Jouer malin, tu sais…

Je crois que oui.

Et sinon?

On peut dire que la vitesse et la détente verticale font partie de mes atouts. Tout comme mon instinct de buteur. Il était longtemps enfoui sous terre et s’est réveillé. Il faut bien ça pour compenser mon désavantage physique. Je ne suis pas assez baraqué. Quand un attaquant se trouve dos au but avec un défenseur sur le paletot, on lui demande de savoir garder le ballon. Or ce n’est pas ma qualité première…

Autre signe distinctif et positif, ton intrépidité. Il arrive que tu te lances dans de grandes chevauchées avec une faim de loup et que tu te fasses rudoyer…

Même si j’ai été sonné plusieurs fois cette saison, à Berne surtout contre Bosporus et à Saint-Imier contre Erguël, j’ai la chance d’avoir été épargné par les blessures graves jusqu’ici. Mais ne dit-on pas qu’on se blesse quand on joue à la retirette?

Parlons de tes «infidélités» au FCTT, celle de 2020 à Bassecourt et celle de 2022 aux Etats-Unis…

Malgré sa brièveté, ma parenthèse à Bassecourt n’a pas été complètement inutile, car le coach Lulzim Hushi m’a appris certaines choses, notamment en matière de placement pour l’ailier que j’étais alors. Quant à mon aventure américaine, au cours de laquelle j’ai vécu comme un pro au sein d’une équipe universitaire qui jouait tous les trois jours, elle ne fut pas assez longue pour me permettre de progresser en tant que joueur. Mais j’ai vécu une expérience humaine enrichissante. Au départ, mon objectif principal était de perfectionner mon anglais jusqu’à le parler couramment. Le but a été atteint.

On peut supposer que tes excellentes performances actuelles font de toi l’objet de pas mal de convoitises…

J’avais déjà repoussé une offre du FC Bassecourt durant le mercato hivernal, et voilà que ce club vient de me relancer pour la saison prochaine. Je réserve encore ma réponse. D’une part, j’ai toujours dit vouloir goûter à la 1re ligue. De l’autre, j’adore mon club actuel, pour son état d’esprit. Tout va probablement dépendre de mon avenir professionnel, qui est encore très flou à l’heure actuelle. Les dirigeants du FCTT sont au courant de ma situation. Nous en avons discuté début mars, lors du camp d’entraînement en Espagne. A ce moment-là comme aujourd’hui, je ne pouvais rien leur promettre…

T’es conscient que ton départ représenterait une lourde perte?

Je sais. Mais il se trouve que le FCTT a toujours réussi à se reconstruire, ces dernières années, après le départ de joueurs cadres. Il possède de bons juniors.

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Entre le foot et le hockey, son cœur balance

Né le 16 avril 2001, Maxime Eschmann a passé le plus clair de son existence à Saignelégier. Fils de Nathalie et de Christian, il a une sœur aînée, Charline, et vit toujours sous le toit familial. Formé comme polymécanicien dans une entreprise de St-Imier, il a ensuite abandonné ce métier, puis fait un stage d’éducateur dans une crèche. Il aimerait bien persévérer dans cette voie, mais son avenir professionnel est encore teinté d’incertitudes. Actuellement, il accomplit son service civil… à deux pas de chez lui. «Bien entendu, c’est beaucoup mieux qu’une école de recrue à Kloten, le projet initial», convient-il. «Là, je peux continuer de jouer au foot normalement!»

Grand fan de hockey sur glace et ardent supporter tant du HC Ajoie que du HC Franches-Montagnes, Maxime regrette parfois d’avoir tout misé sur le foot. «Tout gosse», dit-il, «je tapais dans le ballon dans notre jardin et réclamais à mes parents de faire du sport. Ils m’ont inscrit au FC Franches-Montagnes et, depuis lors, je n’ai cessé de pratiquer…»

A l’âge de 11 ans, celui qui a pour idole Lionel Messi est détecté par le staff technique de l’AJF en même temps que deux de ses coéquipiers taignons, Thomas Girardi et Steve Kornmayer, et adhère au Team Jura. Il y restera jusqu’en M15, obligé du coup de se déplacer trois fois par semaine à Delémont pour s’entraîner. «Même si on ne gagnait pas souvent, je garde un très bon souvenir de cette époque», sourit-il. «Tout ce qui nous intéressait alors, c’était le foot. Mais à l’âge de 15 ans, les portes se sont refermées. Le Team Jura n’avait pas de M16, le FC Bienne non plus, et Xamax ne m’a pas retenu, au contraire de mon pote Thomas.»

En désespoir de cause, Maxime passe alors une saison dans les rangs des juniors B Coca des SR Delémont. «Puis», explique-t-il, «vu que j’accomplissais mon apprentissage à St-Imier, j’ai été transféré à La Chaux-de-Fonds, pour une seconde saison en B Coca et une demi-saison en A Coca. C’était plus commode. Mais j’étais seul du côté de La Tchaux et j’en ai eu marre de tous ces trajets. C’est alors que Nicolas Strahm (réd: l’actuel défenseur central de notre 1re équipe), que je côtoyais à l’école professionnelle, m’a convaincu de le rejoindre dans les juniors A du FCTT.»

On est en 2019 et on connaît la suite: après quelques mois déjà, le Taignon fait de timides débuts en 2e ligue inter… Sous les ordres de Steve Langel, il marque 2 buts en championnat lors de la saison 2019/20, puis 5 en 2020/21, 4 en 2021/22 et 2 en 2022/23. Soit 13 au total durant ces quatre saisons. Lors de l’exercice actuel, il en est déjà à 13 également, dont certains furent de petits bijoux. Voyez la différence!

Attaquant dans l’âme, Maxime a aussi évolué, durant quelques années, en No 6 et en No 10. «C’est le FC La Chaux-de-Fonds qui m’a repositionné en attaque. C’est à ce poste-là que je me sens le plus à l’aise.»  

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