Il œuvre dans l’ombre pour le bien du club: Romain Etienne à coeur ouvert

Photo Georges Henz, RJB

Il y a quelques semaines, mettant fin à une période sabbatique de plusieurs mois imposée par des motifs d’ordre professionnel, Romain Etienne est revenu sur la pointe des pieds dans le staff technique de la 1re équipe. Ce célibataire ajoulot émigré à Malleray et gagnant sa vie depuis 12 ans à Bienne ne coiffe plus, comme au préalable, la casquette d’entraîneur assistant. Non, il officie cette fois comme «apprenti» team-manager, en soutien du titulaire Benjamin Mercier. Ce dernier ayant fait part de son intention de rendre bientôt son tablier, le passage de témoin effectif entre les deux devrait intervenir en juin prochain.

«Le retour de Romain est une bonne chose», se félicite le président du FCTT Loïc Châtelain. «En voilà un qui est apprécié des joueurs, qui s’y entend pour faire passer des messages. Il est proche d’eux, il est leur confident. Et à 38 ans, il assure parfaitement la transition générationnelle entre l’équipe et l’entraîneur Philippe Rossinelli.»

En plus d’exercer cette fonction, Romain joue encore au sein de notre équipe de seniors, en position de défenseur central. De cas en cas, il lui arrive également de faire du dépannage dans la «trois», en 4e ligue. On voit par là qu’il s’inscrit fort bien dans la lignée de ces personnes de l’ombre qui, souvent dans plusieurs registres, font vivre le club.

Romain, au juste, qu’est-ce que tu es en mesure d’apporter concrètement aux joueurs de la 1re équipe, en plus de remplir des tâches administratives qui font partie du cahier des charges d’un team-manager?

Je peux partager mon expérience, les écouter, les conseiller, discuter avec eux en abordant d’autres sujets que le foot. Je peux les inciter aussi à ne pas reproduire les erreurs que j’ai commises, moi le sanguin, quand j’étais joueur, histoire de leur éviter d’avoir à nourrir des regrets après coup. Je suis très proche d’eux, mais aussi des entraîneurs, que je ne désavoue jamais, par principe. Je fais le lien entre tout ce petit monde afin que les choses se passent au mieux, je calme les tensions en cas de nécessité. Mais attention, il n’est jamais question d’engueulades. Je m’efforce de rester calme et d’amener de la confiance en proposant des solutions constructives. J’ai toujours eu une sainte horreur des critiques individuelles acerbes lancées sur le terrain en plein match. Elles n’ont aucun effet, sinon celui de rabaisser les joueurs visés.

Au plus tard en juin 2024, tu seras appelé à remplacer Benjamin Mercier…

C’est ce qui est prévu, en effet. Comme «Benjy» est très affairé professionnellement et que sa famille va tantôt s’agrandir, il a choisi de réduire son activité de team-manager à la fin de la saison. Jusque-là, je donne des coups de main et me familiarise avec cette tâche. Devenir entraîneur n’a jamais figuré dans mes plans. Je me sens mieux dans la peau d’un assistant ou d’un team-manager, ça colle davantage à mon caractère.

Comment t’es-tu retrouvé un jour membre du FCTT ?

En juillet 2020, quand j’ai mis un terme à ma carrière de joueur actif et décidé de la poursuivre plus doucement chez les seniors, j’ai suivi l’appel du pied de David Krebs, alors entraîneur de la «deux» du FCTT. Je le connaissais pour l’avoir côtoyé au FC Bévilard-Malleray et pour avoir fréquenté sa pizzeria à Bévilard. En parallèle, je suis devenu son adjoint, puis, de fil en aiguille, celui de Blaise Ducommun, son successeur, puis enfin celui de Steve Langel en 1re équipe.

A la fin du premier tour de la saison 2022/23, tu as décidé de prendre une pause footballistique de six mois. Pour quelles raisons?

J’avais besoin de temps pour me consacrer au bouclement de mon travail de diplôme. Car en plus de mon job d’horloger dans une grande manufacture, j’ai suivi pendant trois ans des cours de perfectionnement à Neuchâtel pour obtenir le titre de technicien en processus d’entreprise. Cette période sabbatique était nécessaire, elle m’a libéré d’un poids.

Aujourd’hui, te voilà donc revenu au bercail. Que trouves-tu de si attirant au FCTT?

Le club défend et propage des valeurs saines auxquelles j’adhère pleinement. Et il y reste fidèle indépendamment des résultats. L’exemple de la récente série de sept défaites consécutives de la 1re équipe est significatif. Durant cette sombre période, le comité a su rester serein, il a maintenu sa confiance au staff technique. Bien sûr, avec sa philosophie, le FCTT n’est pas à l’abri, un jour, d’une relégation en 2e ligue. Mais même ce cas de figure, avec toutes les belles choses qui se profilent dans le domaine de la relève, n’affecterait pas son avenir à mon avis.

Tu as vécu tes 23 premières années chez tes parents à Courtemaîche. On peut en déduire que c’est dans le club de ton village que ta carrière de footeux a pris son envol?

Oui, j’ai tapé le ballon dans les juniors du FC Courtemaîche dès l’âge de 4 ans, sur l’initiative de mon père, qui baignait dans le monde du ballon rond. Nous habitions tout près du Stade communal. Par la suite, j’ai été transféré dans les juniors C Coca de Porrentruy, puis dans les M15 du Team Jura. A Delémont, je faisais partie de la première volée du projet sport-études et mon entraîneur s’appelait… Philippe Rossinelli. J’étais limité physiquement, il était dur avec moi pour développer mon potentiel. A l’âge de 16 ans, j’ai intégré durant quelques semaines la première équipe des SRD, qui évoluait alors en LNB. Le coach Michel Renquin m’a même offert un baptême du feu en championnat. Mais l’expérience a tourné court, j’ai rejoint les M18 et me suis gravement blessé…

Arrivé chez les actifs, tu as écumé de nombreux clubs: Boncourt en 2e ligue inter, Alle en 1re, Porrentruy en 2e, à nouveau les SRD en 1re ligue avec la promotion en Challenge League pour une brève parenthèse, à nouveau Porrentruy en 2e inter, puis Moutier et Alle en 2e inter, avant de porter les couleurs de La Neuveville-Lamboing (3e), Bévilard-Malleray (3e) et enfin, pour conclure, Develier (2e). C’est là typiquement le CV d’un pigeon voyageur…

Disons que mes nombreux transferts sont nés de raisons diverses et variées. Il y a eu soit un défi sportif à relever, soit la réjouissante perspective de retrouver d’anciens potes, soit le fait de répondre à une sollicitation de Philippe Rossinelli pour le retour aux SRD, soit l’envie de découvrir un nouvel environnement et de nouveaux coéquipiers.

Tu évoluais à quel poste?

Je les ai pratiquement tous occupés, même gardien une fois pour rendre service. A la fin, c’était plutôt en défense. Lors d’une saison passée comme attaquant à Porrentruy, j’ai été sacré meilleur buteur de 2e ligue. Bref, j’étais une sorte de couteau suisse.

Où as-tu vécu tes meilleures années de joueur actif?

Au FC Porrentruy, le club où j’étais entouré de bons copains et où je suis resté le plus longtemps, dans une ambiance familiale assez proche de ce que je vis actuellement au FCTT. En seconde position, je citerais le FC Alle ou le retour aux SRD avec la promotion.

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A Amsterdam sur deux roues pour la bonne cause

Romain Etienne n’est pas qu’un mordu de foot. Depuis qu’il a cessé la compétition chez les actifs, il s’est pris de passion aussi pour le cyclisme et pour les randonnées sportives en montagne, tout en pratiquant, à ses heures perdues, le hockey sur glace dans l’équipe de son entreprise. En juin 2022, l’Ajoulot établi dans le Jura bernois a vécu un événement marquant. En compagnie de son cousin Grégory Jubin, auquel il est très attaché, il a parcouru, en 10 jours, 1200 km à vélo entre Courtemaîche et Amsterdam.

«Grâce à des parrainages conclus en amont, nous avons récolté à cette occasion une somme de 5350 francs au bénéfice d’«Espoir pour eux», une association ajoulote de bienfaisance qui vient en aide à des enfants défavorisés en Haïti, au Sénégal et au Rwanda», explique-t-il. «Nous en connaissons bien la responsable. Une année plus tôt, nous avions déjà entrepris, Grégory et moi, une sorte de tour de Suisse, sans autre but que le plaisir de la bicyclette. Au terme duquel certains de nos proches nous ont interpellé sur l’éventualité de conjuguer à l’avenir une telle aventure avec une action pour la bonne cause. Autrement dit, on nous a suggéré de joindre l’utile à l’agréable. Ce que nous avons fait en nous rendant aux Pays-Bas…»

Ceux qui le connaissent savent que le souriant Romain possède une fibre sociale plutôt développée. «Eh bien oui», avoue-t-il, «j’aime les gens, partager des moments avec eux, leur parler, leur donner un coup de main. C’est ce que je fais au FCTT, précisément. J’estime d’ailleurs avoir beaucoup de chance de côtoyer ces joueurs. Ils sont super et cultivent un esprit d’équipe comme on n’en trouve bientôt plus. La remarque vaut d’ailleurs aussi pour le président et pour l’entourage du club.»

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