Le FCTT fête son 25e anniversaire: survol des années Langel

Steve Langel aura marqué l'histoire du FCTT. (Photo Georges Henz, RFJ)

En ce début du mois de septembre, voici le troisième volet de notre nouvelle série consacrée aux 25 ans de la fondation du FCTT. Après avoir donné la parole aux dirigeants Michel Bourqui et Marcel Greder, à savoir les deux initiateurs de la fusion, place à Steve Langel, qui s’est affirmé comme le personnage le plus influent de ce quart de siècle dans le domaine purement sportif. Le résumé de la carrière dans notre club du Tavannois de 51 printemps ne manque pas d’allure: 10 ans comme joueur, dont neuf en 1re équipe, en 2e et 2e ligue inter, puis sept saisons d’affilée en 2e ligue inter comme entraîneur de la 1re équipe.

A l’occasion du derby de ce 6 septembre à Tavannes entre le FCTT et le Birse FC, son nouveau club, Steve nous livre pêle-mêle quelques-uns des souvenirs les plus marquants de sa longue carrière de défenseur central et de coach.

Son arrivée au FCTT comme joueur en juillet 2004 «Après mes quatre saisons au FC Bienne, j’avais vécu deux expériences plutôt mitigées de six mois chacune à Colombier, en 1re ligue, et à Reconvilier, en 2e ligue. Ma motivation s’était évaporée, j’avais alors l’intention de ranger mes chaussures à crampons. Sauf que mon ami Michaël Hoy, le nouvel entraîneur du FCTT, a insisté pour que je le rejoigne. C’est d’ailleurs moi qui l’avais mis en contact avec le club, lui qui cherchait un poste. L’équipe venait d’accéder à la 2e ligue.»

Ses plus belles années «J’ai bien fait de ne pas dire non. A mon arrivée au FCTT, je ne connaissais personne. Pourtant domicilié à Tavannes depuis un certain temps déjà, je n’avais jamais mis les pieds dans les deux stades! A ce moment-là, j’ignorais encore que j’allais y vivre mes plus belles années de foot et y nouer d’incroyables amitiés. Nous étions une vraie bande de copains, sur et en dehors du terrain. Nous avons entamé le championnat en perdant trois fois de suite, mais cela n’a pas provoqué le moindre remous. Nous nous sommes vite ressaisis. Notre seule ambition à l’époque, c’était le maintien. Michaël Hoy a amené de la rigueur, cela nous a valu de poser des jalons pour perdurer pendant de nombreuses saisons. Mais le coach était incompris d’une partie des joueurs et l’aventure s’est mal terminée pour lui.»

Six saisons avant de monter en 2e ligue inter «Cette longue attente n’avait rien de frustrant, car la promotion n’était pas un but avoué. Contrairement à aujourd’hui, aucun des joueurs ne considérait le FCTT comme un tremplin pour aller plus haut. La seule chose qui nous animait, c’était la volonté de jouer entre nous, par pur plaisir, et de nous retrouver après coup à la buvette pour célébrer les fameuses troisièmes mi-temps. Il n’était pas rare que la tenancière me confie les clefs de la buvette pour nos after hours. A l’époque, un principe établi limitait à deux le nombre d’entraînements par semaine et ce fut la condition pour accepter la première promotion en 2e ligue inter. Cela dit, l’équipe ne manquait pas de talent et se battait aussi pour obtenir de bons résultats. Et ça marchait plutôt bien. Avant de connaître l’ascension en 2e ligue inter, en 2010, nous nous sommes régulièrement classés dans le haut du tableau.»

Deux ascensions en 2e ligue inter «En tant que joueur, j’ai eu la chance de vivre deux promotions, en 2010 sous Vincent Sbaraglia et en 2013 sous Alain Menanga. Dans mon esprit, la première fut la plus mémorable, car j’étais plus jeune et davantage en forme. Et aussi parce qu’il s’agissait d’une première fois pour le club.»

La transition de joueur à entraîneur «J’ai arrêté de jouer à 40 ans, après une dernière saison passée dans la ‹deux›, en 3e ligue. Cela devenait compliqué et j’avais l’impression d’avoir fait le tour de la question. Jamais jusque-là je n’avais songé à devenir entraîneur. J’ai changé d’avis après avoir été contacté par Ganfi (réd: Jean-Philippe Frésard, Taignon connu comme le loup blanc dans le monde footballistique), une personnalité passionnante, qui me proposait de devenir coach du FC Franches-Montagnes. J’ai accepté de relever le défi sans beaucoup de conviction. Mais j’ai très vite pris du plaisir à former les joueurs.»

Les entraîneurs du FCTT qui l’ont marqué «Mon pote Michaël Hoy. J’étais son confident. Son apport en tant que joueur était énorme. L’ennui est qu’il lui arrivait de péter les plombs. Ses rapports avec certains joueurs sont devenus très tendus. Il allait trop loin et j’essayais de le raisonner. En vain. Plus tard, j’ai aussi apprécié Vincent Sbaraglia. La brutalité de son décès (réd: en octobre 2011) m’a profondément touché.»

Les joueurs clés «Le plus proche d’entre eux était Fabio Monti, mon compère de la charnière centrale en défense. Nous étions mus par la même ferveur, par la même passion, et échangions beaucoup durant la semaine, avec pour but de faire au mieux pour le bien de l’équipe. Dans le vestiaire, on avait une influence énorme. On mâchait le travail, en quelque sorte, du ‹Sbag›. Mais j’ai côtoyé une quantité d’autres joueurs clés avec qui je m’entendais bien: les frères Grégory et Kevin Studer, les frères Léonard et Nicolas Brügger, les frères Joël et Antoine Vuilleumier, Lionel Rochat, Maël Châtelain et j’en oublie. Tous ont contribué à conférer à notre jeu une autre dimension.»

Son engagement comme entraîneur. «C’était en 2016, le FCTT cherchait un successeur au démissionnaire Eric Tellenbach. Greg Glauser, le directeur sportif, m’a proposé le job. Il avait une vision et une ligne de conduite auxquelles j’ai adhéré et qui ont tenu au fil des ans, pour lui comme pour moi. Les joueurs n’étaient pas payés et l’esprit collectif devait primer sur toutes les autres considérations. Avec lui, je ne me suis jamais senti en danger. ‹Si on coule en 2e ligue, ce n’est pas grave›, répétait-il.»

Ses meilleurs souvenirs «Notre sauvetage de 2021, après la période Covid. A la fin, il nous restait quatre matches pour éviter la culbute. Nous y sommes parvenus de justesse en jouant ‹à la vie, à la mort›, en adoptant un 3-5-2 complètement inédit et en alignant un nul et trois victoires. C’était exceptionnel de remonter la pente et d’assurer le maintien dans ces conditions. On s’était préparé à fond, mentalement et physiquement, pour jouer quatre finales de suite. Je frémis aussi en repensant à la saison 2017/18. Je pense que c’est à ce moment-là que le FCTT a pris une nouvelle dimension. Durant tout le 1er tour, nous avions rivalisé avec le grand FC Bienne en tête du classement. Le bouquet, ce fut le 2-2 du second tour à Tramelan contre les Biennois, dans une atmosphère surchauffée digne d’une finale de Coupe. Entretemps, nous étions rentrés dans le rang au classement. Mais nous avions opposé une farouche résistance au futur promu, qui n’avait guère apprécié. Parmi les bons souvenirs, j’en conserve aussi un de la saison 2016/17. Nous l’avions conclue de brillante façon à domicile contre le leader Langenthal, avec une formation très rajeunie en raison du mariage de Yannick Tellenbach. On perdait 1-3 à la mi-temps et on avait retourné la situation à notre avantage pour l’emporter 4-3. A la sortie du terrain, j’ai vu des mamans de ces jeunes joueurs qui pleuraient.»

Pas un poisson d’avril «Au printemps 2022 (réd: c’était le vendredi 1er avril), on nous a obligés à disputer un match de championnat à Bâle contre Concordia sur un terrain annexe en gazon artificiel qui ne répondait absolument pas aux normes de la 2e ligue inter. Il était presque aussi large que long. La pluie n’a pas cessé ce jour-là et il faisait un froid de canard. De plus et pour la seule fois de ma carrière, je m’étais fait expulser par l’arbitre. Dans ces conditions dantesques, nous avions perdu 3-1 et ressenti ça comme une injustice. Mais le protêt que le club avait déposé après coup n’avait pas abouti (réd: en fait, il avait été repoussé pour vice de forme).»

Du ski, pas du foot «En 2007, en tant que capitaine, c’est moi qui ai organisé le premier week-end à ski du FCTT à Montana. Rebelote ensuite pendant plusieurs années, jusqu’à la fin de ma carrière de joueur. A l’époque, il était exclu qu’on mette sur pied un stage de préparation dédié au foot. Mais quand je suis revenu comme entraîneur, c’est bien cela que j’aurais beaucoup aimé organiser, plutôt que Montana. Mais je n’avais évidemment pas les arguments pour changer cette tradition, qui dure toujours, me semble-t-il, près de 20 ans plus tard.»  

Les joueurs qui l’ont marqué «Pendant longtemps, l’ossature de l’équipe a reposé sur les épaules de clubistes attachants, des gens comme les frères Gaëtan et Steven Habegger, Joachim et Anthony Geiser, Yannick et Johan Tellenbach, des joueurs comme Sergio Cunha et Benjamin Mercier. Il y avait aussi de fortes têtes comme Yannick Langel, qui, avec sa mentalité de gagneur, est devenu le stabilisateur de notre défense et mon plus fidèle combattant.»

En juin 2023, une fin en queue de poisson «Je n’ai pas trop envie d’en reparler. Nous étions tous fatigués, il fallait que ça s’arrête (réd: Steve avait renoncé à un huitième mandat sous la pression des joueurs). Le monde est comme il est… Aujourd’hui, je suis encore fâché contre certaines personnes, mais pas contre le FCTT. Ce ne serait pas correct vis-à-vis d’un club qui m’a beaucoup donné et où j’ai passé mes plus belles années. Y reviendrai-je un jour? Franchement, je n’en sais rien. Mais il ne faut jamais dire jamais.»

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