Engagé en juillet dernier à la fois comme entraîneur adjoint de la 1re équipe et comme coresponsable de la cellule de développement portée sur les fonts baptismaux par le FCTT, Fabio De Feo vient donc de succéder à Philippe Rossinelli au poste de coach principal. Cette fonction, il l’exercera conjointement – et à un degré identique de responsabilités – avec un autre assistant, Yannick Langel. Les deux se connaissent bien, s’apprécient et ont à peu près la même vision du foot.
En revanche, le troisième assistant de la 1re équipe, Jean-Charles Leanza, en poste depuis juillet 2023, a décidé de mettre un terme à l’aventure tavanno-tramelote. Dans un premier temps, il avait exprimé son envie de continuer, mais il a fini par renoncer, d’une part par solidarité avec Philippe, qui était à l’origine de sa venue, mais aussi en raison de ses activités professionnelles de plus en plus prenantes. «Les joueurs vont le regretter. ‹Charly› était apprécié de tous pour sa bonne humeur et son dévouement», souffle le directeur sportif Blaise Ducommun. «Je tiens à le remercier pour son engagement. Son poste ne sera pas repourvu dans l’immédiat, mais on se penchera à nouveau sur la question durant la trêve hivernale. En attendant, plusieurs membres du club se mettront à disposition en alternance pour donner un coup de main au duo d’entraîneurs.» La solidarité au FCTT n’a jamais été un vain mot.
Quatre déchirures, huit opérations
Mais qui est Fabio De Feo? Il s’agit d’un ancien joueur dégoulinant de talent, milieu récupérateur jusqu’en M15 puis transformé en arrière latéral, freiné dans sa carrière prometteuse par une cascade à peine croyable de blessures graves. Songez qu’il a été victime à quatre reprises (!) d’une rupture du ligament croisé antérieur, trois fois au genou gauche, une fois à droite. Sans parler d’autres petites lésions qui sont le lot d’à peu près chaque footballeur. «Au total, je suis passé huit fois sur une table d’opération», grimace-t-il. Très vite, la Faculté l’avait déclaré perdu pour le football. Mais sa passion dévorante était la plus forte, et il a sans cesse ignoré les bons conseils et bravé les interdits pour renouer avec son sport favori, après de longues absences.
Né le 10 décembre 1988 dans une famille d’immigrés italiens établis à Bienne, Fabio, qui possède les deux nationalités, a toujours vécu dans la métropole seelandaise. Titulaire d’un master en finances décroché à l’Uni de Neuchâtel, il gagne sa vie aujourd’hui comme conseiller financier auprès de Swiss Life. Et le foot, alors? «J’ai chaussé mes premiers crampons au FC Boujean 34, c’était le club du quartier où nous résidions», explique-t-il. «Ensuite, j’ai rejoint les juniors D du FC Bienne et n’ai plus jamais changé de club.»
Du côté du mythique stade de la Gurzelen, ses compétences crèvent très vite l’écran. Le latéral droit (ou gauche, parfois) Fabio sait défendre, mais attaquer également. Il ne rate pas une occasion de se porter gaillardement à l’offensive. Dès l’âge de 16 ans, il est incorporé peu à peu dans le cadre de la 1re équipe, alors grosse écurie de 1re ligue et entraînée par Kurt Baumann, en compagnie d’autres contemporains qui feront une jolie carrière, genre Labinot Sheholli et Nicolas Tebib. La saison suivante, toujours en 1re ligue, le nouvel entraîneur Dieter Münstermann lui attribue carrément une place de titulaire. Le jeune homme n’a que 17 ans mais enflamme tous les connaisseurs, à commencer par le directeur sportif du cru Arturo Albanese, qui lui prédit un brillant avenir.
Le destin va hélas en décider autrement. A force d’accumuler les pépins de santé, Fabio devra finalement se contenter d’une carrière complètement tronquée. Selon les statistiques du site transfermarkt.ch, il a disputé seulement 53 matches de Challenge League (un chiffre que le principal intéressé juge inexact, il parle plutôt de 60 à 70) et 15 de 1re ligue. Est-il passé à côté d’une grande carrière chez les pros? «C’est possible», admet-il. «En tout cas, c’était parti dans la bonne direction. Après, nul ne sait ce qui peut se passer dans ce sport. Une carrière de footballeur se construit sur la durée et sur la constance, pas sur quelques épisodes épars où ton niveau devient proche de celui d’excellents joueurs. En fin de compte, il a fallu me faire une raison et accepter la situation. Sinon tu ne vis plus.»
Quelques regrets, tout de même, avec le recul? «Un peu, oui», répond Fabio. «A une certaine époque, je me frottais à des gars comme Sommer, Akanji, Widmer, Freuler, Zakaria, Embolo, Schär ou Rakitic. Quand je vois ce qu’ils sont devenus…»
A lire demain dans un autre article: comment Fabio De Feo appréhende sa nouvelle fonction au FCTT, comment il entend collaborer avec Yannick Langel et pourquoi il croit dur comme fer au maintien en 2e ligue inter.
