Jordan Beauquier n’a aucun doute «sur le fait qu’on va se maintenir»

Jordan Beauquier s'est vite mué en joueur indispensable. (Photo Alain Boillat)

C’est l’heure! Tout le monde se retrouve à partir de 16h ce samedi 29 mars à l’Allianz Suisse Stadium de Tramelan, afin d’assister au premier match à domicile du second tour de notre 1re équipe, face aux Fribourgeois d’Ueberstorf. Vu leur mauvais classement, les nôtres ont besoin plus que jamais du soutien massif de leurs supporters. Besoin aussi d’un succès, eux qui, à 13 rondes de la fin, accusent cinq points de retard sur la barre de relégation.

«Pour éviter la culbute, nous allons devoir mener un rude combat probablement jusqu’à la dernière journée de championnat», pressent notre milieu de terrain Jordan Beauquier, rencontré en début de semaine dans une brasserie de St-Imier. «Pour ne rien lâcher, il faudra rester forts dans nos têtes. Pour ma part, je n’ai aucun doute sur le fait qu’on va se maintenir. La venue cet hiver de Samir (réd: Nouicer, 38 ans), avec son sens du placement et sa manière de gérer un match, nous fait beaucoup de bien. Contrairement à moi, qui hausse encore trop facilement le ton, il sait garder son calme en chaque circonstance. C’est là le fruit de son immense expérience…»

Aux yeux de Jordan et sans doute de toute l’équipe, une victoire face à Ueberstorf s’impose absolument. Le joueur français relativise un peu tout de même: «Nous ne sommes pas encore arrivés à un moment crucial de la saison. Evitons donc de déjà trop nous stresser.»

Mais que manque-t-il au juste à cette équipe pour obtenir de meilleurs résultats? «Lors de nos deux premières sorties du second tour, nous avons assez bien joué dans l’ensemble, il nous manquait juste un petit truc.» Quel petit truc? «Un peu de chance. Et de la constance dans la concentration. On a pris des buts bêtes dans les mauvais moments. Samedi passé par exemple contre Guin, le 2-1 de l’adversaire a été inscrit sur une action entachée d’une faute d’arbitrage, on est tous d’accord là-dessus. Mais nous avons ensuite commis l’erreur d’arrêter de jouer et de faciliter ainsi la tâche du buteur…»

Au milieu plutôt qu’en défense

Jordan Beauquier n’a pas mis longtemps avant de se révéler comme l’une des bonnes pioches de la campagne de transferts du FCTT de l’été dernier. Arrivé chez nous après une expérience de six mois au FC Moutier, le Français de 23 ans s’est d’emblée assuré une place de titulaire au poste de demi récupérateur, celui que suggère son No de maillot (le 6). «Même si à Besançon Foot, mon dernier club en France, on me trouvait plus performant en tant que défenseur central, un rôle que j’ai souvent tenu par le passé, je préfère évoluer au milieu, dans une position de ‹box to box› qui me permet à la fois de mettre en évidence ma qualité première, l’agressivité, d’être en contact plus direct avec les autres joueurs et enfin de toucher davantage de ballons», avance-t-il.

En sondant l’entourage de la 1re équipe, on peut s’apercevoir que Jordan est devenu quelqu’un de très apprécié. «J’essaie d’être respectueux et simple. Et de rester dans mon coin. C’est mon caractère en dehors des terrains. Et ça plaît souvent aux personnes qui croisent ma route», dit-il.

«Un leader dans l’âme»

Yannick Langel, l’un de nos deux coentraîneurs, abonde dans ce sens. «Par sa parole et par ses actes, Jordan est un leader dans l’âme», estime-t-il. «C’est un gagneur qui n’hésite pas à grogner quand il le faut, mais qui se mettra toujours au service du collectif.» Et d’ajouter: «Humainement, je le trouve très mature pour son jeune âge. C’est une personne attachante, appréciée de ses coéquipiers.»

Le rendement de Jordan ne laisse pas non plus Yannick insensible. Il voit en lui un joueur «doté d’une très bonne qualité technique. Il est intelligent dans son placement, ce qui lui permet de récupérer beaucoup de ballons en phase défensive. Il offre aussi de nombreuses solutions à ses coéquipiers lorsque l’équipe a la possession.»

Toutes ces qualités n’ont pas échappé aux recruteurs d’autres clubs de la région. Durant le récent mercato hivernal, Jordan confie avoir été approché par deux représentants de 1re ligue, Besa Bienne et Coffrane. «Mais j’ai repoussé leurs offres», révèle-t-il. «J’ai signé au FCTT pour un an et tiens à respecter mon engagement. Je n’aime pas l’image du joueur qui s’en va quand le bateau coule.»

Jordan affirme beaucoup se plaire au FCTT: «L’ambiance, ainsi que les relations avec les joueurs, le staff technique, la direction du club et les fans sont excellents. J’ai retrouvé le plaisir de jouer que j’éprouvais aux côtés des amis avec qui j’ai grandi. En plus, la nouvelle façon de jouer prônée par notre duo d’entraîneurs me convient bien.»

Quel plan nourrit-il pour l’exercice 2025/26? La réponse fuse: «Je ne me ferme aucune porte. Mais je ne me déciderai pas avant la fin du championnat.»

Il vient de perdre sa maman

Avec le décès de sa mère Nouria, disparue début mars à seulement 59 ans, Jordan vient de traverser une période particulièrement pénible de son existence. Il ne cherche pas à esquiver ce douloureux sujet. «Ma maman était née à Skopje, la capitale de la Macédoine du Nord», raconte-t-il. «On lui a diagnostiqué un cancer du sein qui s’est hélas généralisé et a été déclaré incurable. Elle a passé les 50 derniers jours de sa vie en soins palliatifs à l’hôpital de Besançon.»

Cette situation a évidemment pesé sur la vie de Jordan, comme sur celle de ses trois frères. «J’ai peu dormi ces derniers mois et loupé quelques séances d’entraînement du FCTT, ainsi que le stage en Espagne», fait-il remarquer. «En famille, on s’était un peu préparé à ce deuil, mais la séparation représente un sacré choc quand même. Pour l’instant, étant accaparé par toutes les formalités d’ordre pratique et administratif auxquelles il faut se soumettre, j’ai encore de la peine à réaliser. Mais une chose est sûre: je tiens à garder la tête haute, je ne suis pas quelqu’un qui montre sa tristesse. Mon but est de transformer cette tristesse en détermination, que ce soit dans ma vie au quotidien ou alors sur les terrains de foot…»

——————————————————–

Une carrière ralentie par une vilaine blessure

Né le 17 janvier 2002 au sein d’une fratrie de quatre garçons, Jordan Beauquier a passé les 19 premières années de sa vie et effectué toute sa scolarité à Besançon. Dès l’âge de 4 ans, son père l’a orienté tout naturellement vers le foot, ce qui n’avait rien d’étonnant au vu des nombreux ascendants de sa famille en la matière. Il aura défendu jusqu’en 5e division les couleurs des deux clubs de la métropole bisontine, le Racing Besançon et Besançon Foot. Son CV mentionne également une parenthèse de six mois à Valdahon Vercel, dans la même catégorie de jeu.

La carrière sportive de Jordan a ensuite été ralentie par une déchirure du ligament antérieur du genou gauche, survenue pendant un match. Cette blessure l’a écarté des stades durant une dizaine de mois. Une fois rétabli, le jeune homme a été contraint pour commencer de changer de métier et de délaisser la petite entreprise qu’il exploitait avec l’un de ses frères, spécialisée dans la manutention de palettes de bois. En raison du contexte économique (les prix avaient chuté), l’affaire n’était plus assez rentable.

«J’ai alors décidé de tenter ma chance en Suisse», raconte Jordan. «J’ai postulé à beaucoup d’endroits, avant d’obtenir un emploi intérimaire à St-Imier, auprès de la fromagerie Spielhofer. Ça s’est super bien passé et on m’a offert bientôt un contrat fixe. Aujourd’hui, je m’active sur plusieurs lignes de fabrication en tant qu’opérateur en conditionnement. Le boulot me plaît et j’ai droit depuis peu à des horaires moins contraignants qu’au début. Cet aménagement me vaut de finir mes journées à 16h et de pouvoir m’entraîner normalement en début de soirée.» Jordan réside à Sonvilier, tout en ayant conservé son adresse officielle au domicile de son père à Champlive, un hameau de quelque 250 âmes situé non loin de Baume-les-Dames.

Peu après avoir posé sa valise dans la région du Grand Chasseral, Jordan a repris le football et s’est engagé au FC Moutier, en 2e ligue. «J’ai opté pour ce club sur l’incitation d’un ami, Enzo Vincent», explique-t-il. «Pour avoir fréquenté le même lycée à Besançon et joué au foot ensemble durant quatre ans, nous nous connaissons depuis longtemps.» Pourquoi avoir ensuite jeté son dévolu sur le FCTT? «Parce que cette équipe joue un cran plus haut et qu’elle est plus proche de mon lieu de travail», répond-il.

Jordan Beauquier (en rouge) aime le contact direct avec l’adversaire. (Photo Alain Boillat)

Partagez ce post

D'autres articles à lire

Merci d'avoir lu notre article