Il va quitter la 1re équipe: Steven Habegger à coeur ouvert

Steven Habegger (maillot rouge) s'est blessé ce samedi 20 mai à Tramelan contre le CS Romontois et a dû se faire remplacer dès la 12e minute. (Photo Alain Boillat)

Ce n’est plus un secret pour personne: Steven Habegger, pilier de la 1re équipe du FCTT depuis plus d’une décennie, le plus souvent en position d’arrière latéral droit, va rendre son tablier dans quelques semaines. Connu avant tout, sur les pelouses de la région, pour la qualité et la puissance de sa frappe, celui que tout le monde surnomme affectueusement «Ritou» – parce qu’il respire la joie de vivre et rit de tout – en a assez de se soumettre aux sévères exigences de la 2e ligue inter. A partir de la saison prochaine, il se contentera d’évoluer au sein de la «deux». Avec Sergio Cunha et Loïc Dubois, il est le troisième routinier actuel, défenseur comme les deux autres, à vouloir prendre du recul.

Steven, pourquoi avoir décidé, à seulement 29 ans, de mettre un terme à ta carrière de joueur de 2e ligue inter?

C’est l’addition de plusieurs éléments. Pendant de longues années, j’ai toujours réussi à faire la balance entre ma passion pour le foot, le plaisir de jouer au FCTT et tous les sacrifices que cela demande. Mais aujourd’hui, je suis arrivé à un stade où j’ai envie de m’accorder d’autres priorités, de privilégier ma famille et la pratique du ski par exemple, mon autre hobby, un sport qui n’est guère compatible avec la préparation hivernale d’un footballeur. Au premier tour, j’ai eu plusieurs absences lors des week-ends qui ont été mal perçues par le club, ce que je peux comprendre. J’ai raté cinq matches de championnat, cela m’a valu d’essuyer, par voie détournée, quelques remarques désagréables.

Tes obligations professionnelles jouent-elles aussi un rôle dans ta décision?

Oui. Depuis le début de l’année, un nouveau volet est venu s’ajouter à mon job d’informaticien de gestion (réd: il est employé chez ProConcept SA, à Sonceboz), celui de consultant. A ce titre, je suis appelé désormais à voyager dans toute la Suisse romande, ce qui implique de dépasser parfois mes horaires de travail. Et ces déplacements sont appelés à se multiplier ces prochains temps.

Mais, heureusement pour le FCTT, tu n’arrêtes pas complètement le foot…

En effet. Pour rester en forme, j’ai l’intention de donner un coup de main à la «deux», en 3e ligue, là où ma carrière d’actif a commencé, à l’âge de 16 ans, sous les ordres de Thierry Chappatte.

Et à quand remontent tes débuts en 1re équipe?

Un an plus tard. J’avais donc 17 ans. Vincent Sbaraglia, l’entraîneur de l’époque, cherchait un arrière latéral. Il y avait pénurie à ce poste, j’ai vite reçu du temps de jeu.

Mais l’entraîneur qui t’aura le plus accompagné, c’est l’actuel, Steve Langel…

Je l’ai d’abord eu comme coéquipier, pendant deux saisons sauf erreur. Et cela fait maintenant de longues années (réd: depuis 2016) qu’il est mon coach. Pour résumer, on peut dire qu’il a su apporter son expérience. Je n’ai pas une relation très proche avec lui. Comme beaucoup d’entraîneurs, il a ses affinités et met des distances avec la plupart des joueurs.

Un mot sur la saison en cours?

Il y a eu un peu de tout, notamment trop d’inconstance. Dans l’ensemble, on peut toutefois qualifier nos résultats de positifs. En matière de «jouerie», nous avons livré certains matches référence qui, techniquement, se situaient au-dessus de ce qu’on produisait les autres années. Ce printemps par contre, à l’extérieur, notre jeu a souffert des conséquences de nos piètres conditions d’entraînement. Notre moral était impacté par le fait de ne pas parvenir à bien jouer face à des adversaires qui n’avaient pourtant rien de flamboyant.

Quels sont les souvenirs sportifs les plus lumineux de toute ta carrière au FCTT?

En premier, je me dois de citer ce fameux 32e de finale de Coupe de Suisse à Tramelan, en août 2015, contre le FC Zurich. J’ai eu le privilège de le disputer dans son intégralité. Les deux promotions de 2e ligue en 2e ligue inter que j’ai vécues m’ont marqué également, forcément. Ah, je garde aussi un souvenir ému de 2017/18, peut-être notre saison la plus aboutie en 2e ligue inter. Nous avions alors disputé un premier tour de feu et tenu la dragée haute au FC Bienne en tête du classement. Bon, il est vrai que nous avions baissé de régime par la suite, au second tour…

Pendant longtemps, tu étais le tireur attitré des penalties. Ce n’est plus le cas cette saison. Cet honneur échoit à Téo Assunçao…

Téo en a tiré un, une fois, en mon absence, et l’a transformé. C’est la genèse de ce changement. Je m’entends bien avec lui, ce n’est pas un problème de lui laisser la priorité, c’est dans l’ordre des choses. Récemment contre Châtel-St-Denis, il m’a proposé de le remplacer, mais j’ai décliné. Il fait ça très bien (réd: quatre tentatives sur quatre réussies depuis août dernier).

Et quels souvenirs humains conserves-tu de toutes ces années en 1re équipe?

Il y en a tellement qu’il me paraît difficile d’en citer un plutôt qu’un autre. De manière générale, en compagnie de mon cher frère aîné Gaëtan, le foot au FCTT m’a permis de vivre des moments d’émotion très forts et de nouer de nombreuses amitiés. Lesquelles, j’en suis persuadé, vont perdurer au-delà de nos carrières sportives respectives.

Ton parcours fourmille certainement d’anecdotes…

L’une des plus anciennes remonte à juin 2013. C’était un dimanche matin à Aegerten, lors de l’ultime journée de championnat de 2e ligue. Notre promotion était déjà acquise et nous l’avions copieusement fêtée la veille au soir, en conclusion de la Fête de lutte. Pour la plupart d’entre nous, le réveil dominical a été douloureux. Fabio Monti était arrivé en retard au rendez-vous et avait entamé la rencontre sur le banc des remplaçants. Il n’était pas dans son assiette. Quand il est entré en jeu, il a commis deux grosses erreurs qui ont coûté autant de buts. Ce qui ne nous a pas empêchés de gagner 3-2. J’ai connu moi aussi ce genre de «jour noir» tout récemment contre Spiez. D’une part, j’ai à moitié assommé Donovan Ducommun en lui tirant involontairement, de toutes mes forces, en plein visage. Par ailleurs, j’ai complètement foiré un dégagement dans les «16-mètres» et l’adversaire en a profité pour ouvrir le score. Aujourd’hui encore, et même si on a fini par l’emporter 5-1 ce jour-là, on n’arrête pas de me chambrer avec ça…

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De longues années au FC Bienne

Né le 11 février 1994, Steven Habegger a passé le plus clair de sa jeune existence à Tavannes. Mais aujourd’hui, il est établi au Fuet, où il vit avec son épouse, qui exerce pour sa part le métier de médecin assistant au Centre hospitalier de Bienne. «Aline, avec ses horaires irréguliers, et moi, avec les impératifs liés au foot, on se court après, parfois», image-t-il.

A l’origine, aucun antécédent familial ne prédisposait «Ritou» à se lancer dans le foot. Si ses parents l’ont inscrit, en compagnie d’ailleurs de son très complice frère aîné Gaëtan (attaquant désormais du FC Aarberg), dans les juniors F du FCTT, c’était pour lui offrir la possibilité de jouer avec ses copains d’école. Tout ce petit monde taquinait déjà joyeusement le ballon dans le quartier.

Vu leur talent, les deux frères Habegger ont rebondi ensuite dans l’académie du FC Bienne, «via les petites sélections organisées par ce club, que nous avons passées avec succès», précise le cadet. «J’y suis resté pendant plusieurs années, des M12 jusqu’aux M16, à raison de six séances d’entraînement par semaine, au gré du programme sport-études. Le fait que mon père travaillait à Bienne nous facilitait la vie pour l’organisation des transports. Ce fut une belle école de vie, j’en garde d’excellents souvenirs.»

Au terme de son cursus biennois, à 16 ans, «Ritou» ne franchira pas le dernier cap, celui qui peut conduire, dans le meilleur des cas, au monde du professionnalisme. «Au début, comme tous les gosses, j’avais des étoiles plein les yeux, je rêvais d’une grande carrière», sourit celui qui a longtemps tenu le poste de milieu défensif. «Mais je n’ai pas tardé à me rendre moi-même à l’évidence: je ne deviendrais par une star.»

A cette époque, le FC Bienne collaborait étroitement avec les Young Boys et avec le FC Thoune. «Seuls deux M16 de ma volée ont été retenus pour rejoindre ce partenariat en M18», souligne Steven. «La concurrence à ce niveau était impitoyable. J’aurais pu alors rejoindre Neuchâtel Xamax, mais c’était trop compliqué. Alors j’ai préféré me concentrer sur mes études et revenir au FCTT.» Pour ne plus jamais en repartir. Et pour largement contribuer au développement de son club de cœur.

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