Il est un jeune arbitre du FCTT qui monte: Dylan Vermot à cœur ouvert

Dylan Vermot (à gauche) exerce aussi parfois comme assistant.

Le refrain est connu. Sans les arbitres, que d’aucuns prennent trop souvent – et trop facilement – pour des boucs émissaires quand il s’agit de justifier leurs contre-performances, pas de football possible. Au sein du FCTT, cette corporation comprend plusieurs représentants émérites et… indispensables, dont on ne peut ici que saluer l’engagement. Parmi eux figure Dylan Vermot (21 ans), de Saicourt, qui s’est lancé dans cette branche à l’âge de 17 ans. Depuis, celui qui exerce le métier de conseiller financier chez SwissLife à Delémont ne cesse de gravir les échelons. Membre du groupe des talents de l’Association Berne/Jura, il est devenu il y a six mois arbitre de 3e ligue et chez les M16, ainsi qu’assistant en 2e ligue inter. Et, on va le voir au cours de cet entretien, il ne compte pas s’arrêter en si bon chemin!

Dylan, comment et pourquoi t’es-tu lancé dans l’arbitrage? Quel a été le déclic?

Le déclic précis, je ne m’en souviens plus vraiment. Mais de façon générale, il se trouve que, déjà quand j’étais junior dans les équipes du FCTT, je n’appréciais pas trop les arbitres. Je ne les trouvais pas très bons. Du coup, il m’arrivait souvent de réclamer. Alors à la longue, la chose m’a interpellé. Et j’ai voulu me mettre à leur place pour voir si leur tâche était aussi difficile que ça… C’est l’arbitre Pierre-Alain Sangsue qui m’a mis le pied à l’étrier. J’ai commencé tout en bas de l’échelle, comme arbitre mini, pendant un an et demi.

Après ce préapprentissage presque obligé à l’interne, chez les plus petits des juniors, quel est le cheminement à suivre si l’on veut devenir arbitre officiel?

Il faut assister à des cours de formation, qui durent quatre jours en tout. Pour commencer, il s’agit de passer et surtout de réussir un test physique éliminatoire. Tu le rates, t’es recalé. Les jours suivants, place à la théorie. Pour moi, l’enseignement s’est déroulé à Delémont. A la fin, pour obtenir sa qualification, le candidat subit un examen écrit relatif aux règles de jeu. Il lui est demandé de répondre de manière exacte à au moins 10 des 15 questions.

Ensuite de quoi c’est la plongée dans le vif du sujet?

Oui. Pour commencer, sous la tutelle d’un coach accompagnant, tu es appelé à diriger des matches de juniors C. J’ai subi mon baptême du feu lors d’un certain Reconvilier – La Courtine, avec cette particularité que ma sœur Mylène évoluait au sein de cette dernière équipe… Ensuite, pour mon troisième match, j’ai eu droit à des M13 à Berne entre Young Boys et Sion. Le train était lancé.

L’aspect financier t’a-t-il servi d’aiguillon également?

Ce n’était pas le motif principal de mon engagement. Mais pour l’apprenti que j’étais au moment de me lancer dans l’arbitrage, les indemnités que l’on touche à chaque match constituaient un petit plus non négligeable.

Qu’y a-t-il de plaisant dans l’exercice de cette fonction?

Arbitrer, ça te procure une autre vision du foot, ça te permet de constater que la direction d’un match n’est pas aussi simple qu’on a tendance à le croire. Et ça contribue aussi à ton développement personnel. Apprendre à gérer les élans et les émotions de 22 joueurs et de deux staffs techniques, à devenir un leader, à se faire respecter: je trouve le défi passionnant.

Et quel est le côté le plus obscur des choses?

Se faire égratigner par les membres et/ou l’entourage d’une équipe perdante, alors que tu as pourtant l’impression d’avoir réussi une bonne performance et que cette impression est confirmée par l’inspecteur. Ces choses-là arrivent, hélas. Il s’avère que même les joueurs et les entraîneurs ne connaissent pas, parfois, toutes les subtilités du règlement. A leur décharge, il faut dire que des détails de celui-ci varient souvent.

Quelle est, pour un arbitre, la recette du succès?

Primo, il faut être sûr de chacune de ses décisions, être ferme, et le montrer. Deuxio, il convient de faire preuve d’ouverture d’esprit, de privilégier le dialogue, dans les interactions avec les joueurs. J’ai la discussion facile et je ne suis pas là pour leur mettre des bâtons dans les roues. Tertio, il importe évidemment d’avoir une excellente connaissance du règlement. Et quarto, il faut avoir une solide condition physique. Je l’entretiens par deux ou trois séances de fitness par semaine, par de la course à pied individuelle et par des séances d’entraînement occasionnelles avec différentes équipes du FCTT.

Il t’arrive de recevoir des compliments? En d’autres termes, y a-t-il encore des marques de fair-play sur les terrains?

Oui, cela se produit. Et en effet, le fair-play n’est pas une notion en voie de disparition.

Comment tu réagis, pendant et après les matches, aux critiques?

Si elles émanent de joueurs ou d’entraîneurs, ce que je tente de faire avant tout, c’est de calmer les esprits. Mais les critiques les plus virulentes proviennent plutôt de supporters et de parents de juniors. Au début, en tant que jeune arbitre, les paroles blessantes te touchent. Mais à force, avec le temps, tu apprends à faire la part des choses, tu sais que tu n’arriveras de toute façon pas à changer les mentalités, tu deviens blindé. Les critiques ont alors le même effet que l’eau qui ruisselle sur les plumes d’un canard…

Pour un arbitre comme pour un joueur, il est impossible d’être parfait. Tu sais reconnaître tes erreurs?

Les commettre et les reconnaître, ce n’est pas ce que je préfère. Mais bon, même avec l’aide de deux assistants, on ne peut pas tout voir, n’est-ce pas. Et on est parfois mal placé pour juger, notamment sur des situations de hors-jeu. Je touche du bois. Jusqu’à maintenant dans ma jeune carrière, je n’ai pas commis de faute majeure. Seulement des erreurs vénielles, le refus par exemple d’accorder un avantage. En principe, on s’en aperçoit immédiatement, de nos lapsus.

Dans le feu de l’action, les joueurs sont souvent de mauvaise foi, ils nient l’évidence. D’accord avec ça?

Je sais. Ils essaient d’influencer les arbitres, et cela se passe dans toutes les ligues. Sur une banale sortie de balle en touche, combien de fois on voit que les deux camps lèvent la main! Mais bon, quelque part, il n’y a là rien de dramatique. Selon le contexte du match, selon les frustrations, les émotions sont à fleur de peau mais retombent vite.

Qu’est-ce que tu penses des attroupements qui se produisent de plus en plus fréquemment autour des arbitres, en Suisse et au niveau international, pour contester des décisions?

Le phénomène ne m’a pas échappé, bien entendu. Mais je n’y vois rien de grave. Dans ce cas de figure, l’arbitre ne doit pas se laisser intimider. Il a pour instruction de distribuer un avertissement au premier venu, dans le but de calmer les esprits.

Tu as déjà vécu des incidents, subi des agressions?

Une seule fois, à Berne, un entraîneur de juniors B que j’avais expulsé pour conduite inconvenante était sorti de ses gonds. Au lieu de regagner les vestiaires comme l’impose le règlement, il était revenu en catimini au bord du terrain. Mais je l’avais vu et éconduit une seconde fois. Il avait alors fait mine de franchir la barrière et de se ruer sur moi. Pour finalement s’abstenir…

Tu as des modèles dans l’arbitrage, des exemples qui t’inspirent?

Il y a Arber Smajli, le responsable des arbitres au sein du FCTT. Nous nous entendons très bien. Je le considère comme mon grand frère, il m’a pris sous son aile, m’a conseillé, a guidé mes premiers pas. En Suisse, j’ai de l’admiration pour Jan Köbeli, un instructeur qui s’occupe plus particulièrement de la formation des assistants. A l’international, aucun nom ne me vient à l’esprit.

En somme, tu préfères arbitrer ou agiter le drapeau à la touche?

Lorsque tu es jeune arbitre, on te conseille en haut lieu de devenir assistant, car il y a pénurie dans ce secteur. Les deux activités sont respectables, mais je préfère me trouver au centre du terrain et décider…

Jusqu’où espères-tu aller?

Le plus loin possible, même si cela doit se faire dans le rôle d’un assistant.

Dernière question, que représente le FCTT à tes yeux?

Abstraction faite d’une parenthèse d’un an à Reconvilier, c’est mon club depuis toujours. Alors j’en pince pour lui. Je ne suis pas sûr que je déploierais autant d’activités pour un autre club.

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Dylan Vermot en quelques traits

Chez les Vermot, la passion du ballon rond est une affaire de famille. Elle avait déjà touché le père, Eric, membre du comité du FCTT en tant que responsable de la commission extra-sportive du MOJU, bien connu pour son sens peu commun du dévouement. Elle n’a pas épargné le fils, Dylan, ni d’ailleurs la sœur cadette de celui-ci, Mylène, pratiquante elle aussi mais actuellement en période sabbatique.

Né le 3 janvier 2002, Dylan entre à l’école de foot du FCTT alors qu’il est haut comme trois pommes et remonte systématiquement toute la filière des juniors. Son poste? Ailier droit. En parallèle, il embrasse dès 2019 une prometteuse carrière d’arbitre, ce qui ne l’empêche pas de décrocher aussi un diplôme d’entraîneur (le C+) et de coiffer, depuis juillet 2022, la casquette d’entraîneur assistant de Christophe Bigler chez les juniors A. Ah, on allait presque oublier: pour couronner le tout, il joue occasionnellement – mais de moins en moins il est vrai – dans cette équipe de juniors A, ou dans la «deux», voire dans la «trois». Pour dépanner…

«La saison passée», s’amuse-t-il, «il m’est arrivé le même week-end d’arbitrer, d’entraîner, de jouer et d’aller suivre en spectateur un match de la 1re équipe, soit quatre rencontres au total! Qu’est-ce que tu veux, j’aime ce que je fais…» On avait cru le deviner.

Reste à résoudre une énigme: Dylan est-il meilleur arbitre ou meilleur footballeur? «L’arbitrage m’offre sans doute de plus alléchantes perspectives de promotion», répond-il. «Si je m’étais consacré exclusivement à mon activité de joueur, j’aurais peut-être pu viser plus haut. Enfin, c’est ce que je pense, mais ce n’est qu’une supposition…»

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