Grâce au sponsoring, le FCTT engrange chaque année la coquette somme d’environ 130’000 francs. Sur une enveloppe budgétaire légèrement supérieure à 300’000 francs, il s’agit de sa principale source de revenus. Des personnes privées, mais aussi et surtout une multitude de petites et moyennes entreprises de la région, soutiennent le club, souvent depuis de longues années. La plupart ne le font pas à des fins commerciales, mais par pure philanthropie. Plutôt que de sponsoring, on devrait donc parler de mécénat.
Les motivations de notre partenaire principal, TG Mécanique – une entreprise de Saignelégier qui emploie 47 collaborateurs et dont le logo figure en bonne place sur les maillots de la 1re équipe –, ne sont pas différentes. Pour tenter de mieux comprendre cet engagement désintéressé, nous avons pris langue avec Thierry Guenot (47 ans), son fondateur, CEO et seul actionnaire. Marié à une Tramelote et établi dans la cité de Virgile Rossel depuis une vingtaine d’années, cet enfant de «Saigne» connaît la matière footballistique sur le bout des doigts. En effet, il a derrière lui une longue carrière de demi défensif, entamée dans son village natal, puis poursuivie à Delémont (dans les juniors), aux Breuleux/FC Franches-Montagnes (2e ligue), à Moutier (2e ligue) et enfin au FC Tramelan/FCTT (10 ans en 1re équipe, puis passage chez les vétérans).
Thierry, pourquoi cet engagement au long cours en faveur de notre club, entamé en 2013, quand il s’est agi de succéder à l’entreprise tramelote Tradhor SA?
En premier lieu parce que j’ai beaucoup de respect et d’admiration pour les nombreux bénévoles, hommes et femmes de l’ombre, qui font tourner la boutique. Les joueurs du FCTT, qui ont le beau rôle, ne se rendent pas toujours compte des énormes sacrifices que cela représente de diriger un club de cette dimension. En raison de mes obligations professionnelles, il ne m’est pas possible de m’engager personnellement. Alors je le fais par le biais de mon entreprise.
Tu ne restes tout de même pas les bras croisés…
Non, c’est vrai. Sur demande de Greg Glauser, puis dans la continuité de Steve Langel, qui cherchait à s’assurer le concours d’un regard extérieur, je suis devenu membre de la commission sportive. J’exerce aussi quelques mandats ponctuels. Récemment, j’ai fait partie du comité d’organisation de la Fête cantonale de lutte à Tramelan, en tant que responsable des boissons. Une très grosse opération, qui a d’ailleurs connu un magnifique résultat populaire et financier.
Le précieux soutien de ton entreprise dure depuis une dizaine d’années déjà…
En effet. Pour l’instant en tout cas, je ne vois aucune raison d’arrêter. Tant que l’économie va… La plupart des membres du comité sont mes amis. Et j’adhère pleinement à la ligne de conduite défendue par le FCTT.
A combien se monte la manne versée chaque saison par TG Mécanique?
Je préfère ne pas dévoiler de chiffre. Ce que je peux dire, c’est que le tarif a pris un peu de hauteur au fil des ans. Je trouve ça normal, cette courbe suit l’évolution du club.
Ce sponsoring a-t-il une répercussion positive sur le chiffre d’affaires?
Absolument pas. Je ne vends aucun outillage ni composants horlogers avec ça. Mais il y a tout de même un aspect sympa. Je veux dire par là que mon soutien favorise peut-être la recherche de personnel, un domaine qui pose problème ces temps-ci. Il faut savoir que plusieurs membres du club travaillent chez TG Mécanique: le responsable des manifestations Maël Châtelain, le capitaine de la 1re équipe Wayan Ducommun, le joueur de la «deux» et de la «trois» Duart Baftijari et celui de la «quatre» Roshan Lashkari. Soit dit en passant, ce sont des collaborateurs très appréciés. Deux autres joueurs de la 1re équipe, Maxime Eschmann et Thomas Girardi, sont également passés chez nous récemment, à titre temporaire, pour des jobs d’étudiants.
Bref, il faut surtout parler de philanthropie…
Oui, c’est de la pure solidarité. Je considère que le rôle des entreprises est d’appuyer le tissu local, qu’il soit sportif, culturel ou social. TG Mécanique en fait plutôt trop que pas assez. Chaque année, nous dépensons plusieurs dizaines de milliers de francs en sponsoring, au profit de clubs plutôt que de sportifs individuels, comme la «deux» du FC Franches-Montagnes, le HC Franches-Montagnes, le HC Tramelan et VFM, soit un peu partout où nos collaborateurs sont impliqués.
Qu’attends-tu en échange de ce soutien?
Rien de spécial. Au FCTT, nous bénéficions de quelques faveurs, sous forme par exemple d’abonnements de saison ou d’entrées au traditionnel repas de soutien. Entendons-nous bien: ce sponsoring n’est pas destiné à me profiler, à booster ma gloriole personnelle. Je pourrais tout aussi bien économiser cet argent et en servir une partie pour organiser une belle sortie avec mon personnel.
Changement de sujet: que penses-tu du FCTT en général?
J’ai connu le FC Tramelan en tant que petit club de village, c’est devenu une des adresses les plus courues de la région. Le club progresse continuellement, même si ce n’est pas linéaire. J’ai toujours été séduit par sa philosophie de ne pas défrayer les joueurs. Au départ, Greg Glauser s’est battu bec et ongles pour y arriver. Par la suite, Steve Langel, malgré les obstacles, a largement contribué à poursuivre dans cette voie. Que le FCTT évolue malgré tout encore et toujours en 2e ligue inter est une vraie victoire. Je m’identifie pleinement aux valeurs qu’il s’efforce de véhiculer.
Cela dit, on le voit avec les très mauvais résultats actuels, cette politique pleine de sagesse n’est pas sans risques…
Injecter de l’argent pour se renforcer en engageant des joueurs de l’extérieur, voire des étrangers, c’est une solution de facilité. C’est artificiel. Ici, on n’attire pas des caïds aguerris et cupides, mais on recrute des jeunes qui souhaitent percer en 2e ligue inter. Et on fait avant tout de la formation, mais de la formation compatible avec de hautes exigences sportives, au risque effectivement, au final, de se faire piquer nos bons joueurs. Cette stratégie pourrait s’éroder à la longue, car il faut des années de patience à ces jeunes pour parfaire leur formation. Et les vrais clubistes qui accomplissent toute leur carrière à la même adresse deviennent de plus en plus rares.
Au FCTT, il n’y a pas que la 1re équipe…
En effet. Derrière cette vitrine, il y a une large place pour le foot pour tous, il y a une foule de passionnés qui bossent comme des acharnés, une kyrielle d’entraîneurs et de juniors qui se décarcassent dans un bel esprit de famille. C’est top. Je me sens très à l’aise au FCTT. Même sans entraîner ni jouer (réd: il a cessé de le faire après la crise du Covid), j’ai l’impression d’en faire partie.
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TG Mécanique, une entreprise en plein essor
L’année prochaine, TG Mécanique, le sponsor principal du FCTT, fêtera ses 20 ans d’existence. Créée par Thierry Guenot, qui en est aujourd’hui le CEO et le seul actionnaire, l’entreprise œuvre dans le domaine horloger. Elle fabrique des composants et de l’outillage. Elle a son siège au chemin des Semailles, à Saignelégier.
«Nous avons pu établir de beaux partenariats avec des marques horlogères suisses», se réjouit le patron. «A l’époque, au moment de tenter l’aventure, il n’entrait nullement dans mes plans d’atteindre une telle dimension. Je pensais faire vivre tout au plus deux ou trois passionnés de mécanique comme moi. L’entreprise a connu une forte progression depuis la crise du Covid. Sa petite taille et son agilité ont alors constitué un atout de poids.»
Marié à Séverine et père de trois enfants, Lya, Matt et Eva, Thierry a commencé sa vie professionnelle en effectuant un apprentissage de polymécanicien chez Kummer, à Tramelan. Il a poursuivi sa formation à l’Ecole d’ingénieurs de St-Imier, puis est revenu chez Kummer en qualité de responsable de département. Cinq ans plus tard, en 2004, il a fondé l’entreprise que l’on sait à Saignelégier, dans le… garage de ses parents. Aujourd’hui, cinq déménagements et un agrandissement plus tard, TG Mécanique, preuve de son impressionnant développement, emploie 47 collaborateurs.
