La série consacrée au 25e anniversaire de notre club se poursuit ici avec un 4e épisode consacré à l’événement majeur de ce quart de siècle d’existence. On fait allusion bien sûr au fameux match FCTT – Zurich du dimanche 16 août 2015 à Tramelan, comptant pour les 32es de finale de la Coupe de Suisse. En présence de 2200 spectateurs, l’équipe zurichoise l’avait emporté 6-1 (4-0). Soit dit en passant: quelques mois plus tard, elle remportera l’épreuve en battant, en finale, Lugano par 1-0…
La partie purement sportive de ce match historique sera évoquée dans un prochain article. Là, pour l’instant, l’objectif est de nous pencher sur ses aspects organisationnels et annexes. Responsable du comité ad hoc constitué pour l’occasion, Loïc Châtelain se souvient des semaines de folie qui ont précédé l’événement et en retrace les grandes lignes.
En pleine assemblée «Le tirage au sort des 32es de finale s’est effectué le 2 juillet 2015, soit le même soir que se tenaient nos assises annuelles. Je venais d’accéder à la présidence et j’étais en train de présenter le nouveau comité lorsque la nouvelle est tombée. La désignation du FC Zurich, l’un des clubs suisses les plus prestigieux, comme notre adversaire a suscité une vague d’enthousiasme au sein de l’assistance. Pour nous autres dirigeants, la priorité consistait à former un comité d’organisation. Heureusement, il ne nous a fallu que très peu de temps pour mobiliser 13 bonnes âmes prêtes à payer de leur personne, chacune en charge d’un dicastère différent. Au total, quelque 150 bénévoles donneront un coup de main pour que les choses se passent sans anicroche.»
Un immense défi «Il nous restait tout juste six semaines pour préparer et gérer cet événement exceptionnel. Forcément, ce délai très court a engendré un sacré stress. Pour ma part, conscient de la possible immensité de la tâche, j’avais un peu anticipé et renoncé à prendre des vacances cet été-là. Avec mon épouse et nos deux enfants, nous sommes tout de même partis quelques jours à Barcelone. Je me souviens que ce séjour catalan avait été gâché, car entrecoupé d’une multitude d’appels téléphoniques en rapport avec cet événement…»
Pas question de délocaliser «La première urgence du comité d’organisation a été d’établir un stratagème sécuritaire. Blaise Ducommun, notre policier maison, s’y est attelé en étroite collaboration avec la Police cantonale bernoise. Il s’agissait de mettre au point une organisation particulière, rendue nécessaire par ce qu’il est convenu d’appeler des éléments périphériques. Cette affiche était considérée en effet comme un match à hauts risques en raison de la réputation sulfureuse d’une partie des ultras du FCZ. Malgré la difficulté de la tâche, il n’a jamais été question pour nous de jouer ailleurs qu’à Tramelan, de délocaliser dans un stade plus sûr ou carrément d’inverser. Il ne fallait en aucun cas dénaturer l’esprit de la Coupe, qui veut que le petit se démène quoi qu’il en coûte pour accueillir le grand.»
Saignelégier à la rescousse «Au départ, nous tablions sur la présence de 2500 spectateurs, dont 500 à 700 en provenance de Zurich, soit bien davantage que ne peut en contenir l’Allianz Suisse Arena dans sa version classique (réd: finalement, on en recensera 2200, dont quelque 400 fans adverses arrivés en train spécial jusqu’à Tavannes, puis avec les CJ jusqu’à Tramelan). Pour agrandir nos capacités d’accueil, il convenait donc d’installer des gradins provisoires. Nous avons eu la chance de pouvoir utiliser une partie des tribunes en tubulure du Marché-Concours de Saignelégier, épreuve hippique qui s’était déroulée une semaine plus tôt. Cela nous a évité d’importants coûts de transport. Seulement deux personnes de l’entreprise locataire sont venues sur place pour s’assurer de la conformité du montage. Mais le gros de l’œuvre a été effectué par nos membres, avec l’appui d’une vingtaine de réfugiés stationnés à Tramelan.»
Sécurité avant tout «Dans toute cette aventure, le dispositif de sécurité jouait un rôle clef. Nous avions engagé une vingtaine d’agents Securitas pour assurer l’ordre à l’intérieur du stade. Ce service nous a coûté environ 15’000 francs. Il faut savoir par ailleurs que 120 agents de police étaient disséminés et se tenaient à carreau dans les rues du village, avec pour mission de n’intervenir qu’en cas de besoin. Ils n’ont pas eu à le faire, heureusement. Dans l’ensemble, les supporters zurichois se sont comportés de manière correcte. Il n’y a eu à déplorer que de légers incidents, sur le chemin du retour, plus précisément à leur sortie du train à Tavannes, qui grouillait alors de monde en pleine Fête des Saisons. A part ça, il a fallu gérer le cas des interdits zurichois de stade. Une trentaine d’entre eux, identifiés comme tels, sont arrivés avec le cortège. Le mot d’ordre était de les occuper à l’extérieur pendant toute la durée de la partie. Mais pour éviter d’envenimer les choses, nous avons fait une entorse au règlement et jugé préférable de les autoriser à entrer. Hors du stade, c’est la commune qui aurait dû s’occuper de ce volet. T’imagines le topo…»
Le FCTT en bleu «Depuis toujours, nos équipes ont pour coutume de jouer en rouge, voire en jaune parfois à l’extérieur. Mais là, contre Zurich, les joueurs arboraient une tenue bleue. Pourquoi? Parce que c’est la couleur publicitaire de base de la Caisse d’Epargne Clientis, notre sponsor principal pour ce match de Coupe. La banque s’était montrée très généreuse à notre égard…»
Quelque 50’000 francs de bénéfice «Le match en lui-même ne nous a rien rapporté. Les recettes de la billetterie couvraient à peine les frais d’organisation. En fin de compte, nous avons quand même réalisé un substantiel bénéfice de 50’000 francs. Et cela grâce au sponsoring. Grâce aussi au produit du repas VIP qui s’est tenu dans la salle voisine de la Marelle.»
«Je ne le referais pas» «Le jour J, pour avoir été obligé d’être un peu partout à la fois, je n’ai pratiquement rien vu du match. Hélas. Quand j’y repense, organiser tout ce bataclan, ce fut un truc de malade. Quand bien même l’engouement qui l’a entouré était vraiment fabuleux, je ne le referais pas, surtout à cause des énormes responsabilités que cela implique. Mais justement, en tant que président, je n’avais pas le choix. Je n’ose imaginer ce qu’il se serait produit pour ma pomme si les choses avaient mal tourné à l’intérieur du stade!»