A bâtons rompus avec Maheta Molango, invité star du FCTT

Fabio Monti (à gauche) et Maheta Molango sont amis depuis l'enfance.

Dans l’entourage du club, ce n’est plus un secret pour personne: Maheta Molango sera l’invité de marque de la soirée de gala que nous organisons à Tramelan le jeudi 20 février prochain, un événement unique en son genre, qui se tiendra dès 18h à l’Auditorium du CIP, puis au Galileo, le restaurant attenant. Le programme exclusif de la soirée prévoit d’abord une conférence de cet enfant de Tramelan émigré à Londres, puis un repas gastronomique concocté par le chef étoilé du Noirmont Jérémy Desbraux.

Dire de Maheta qu’il a connu une ascension sociale assez phénoménale n’a rien d’exagéré. Agé aujourd’hui de 42 ans, il a commencé, à l’âge adulte, par embrasser une carrière de joueur dans de nombreux clubs étrangers (il était attaquant), avant de se reconvertir et de devenir avocat en droit du travail et du sport, puis CEO du RCD Majorque, l’actuel 6e du championnat d’Espagne de Primera Division, puis enfin, à partir de 2021, directeur général du PFA, à savoir le puissant syndicat des footballeurs anglais et gallois.

A-t-il pour autant attrapé le melon? Le vertige de la réussite? Que nenni. Maheta, italien par sa mère et congolais par son père, mais ne possédant pas de passeport suisse, a su rester accessible et humble. Il soigne ses relations humaines avec une exquise politesse. Contacté par téléphone au siège du PFA, il a accepté de répondre à nos questions en toute simplicité.

Maheta, dans tous les articles de presse et autres briographies qui te sont consacrés, on peut lire que tu es né à St-Imier. Mais y as-tu seulement vécu?

Non. St-Imier, c’était simplement la maternité la plus proche. Notre famille était installée à Tramelan, où j’ai passé une bonne partie de mon enfance. Plus tard, nous avons déménagé à Cortébert.

T’as conservé des liens avec le Jura bernois?

Oh oui! J’y reviens le plus souvent possible et avec grand plaisir, car il est important à mes yeux de recoller sans cesse avec ses terres d’origine. Je tiens à rester proche des membres de ma famille qui y sont encore établis, proche aussi de mes amis d’enfance. Même si ce sont souvent eux qui viennent me voir, par exemple sous le soleil de Majorque, où j’ai conservé un pied-à-terre…

T’as accepté sans faire de caprices de te déplacer à Tramelan rien que pour la conférence du 20 février. Belle preuve d’humilité et d’amitié…

Je le répète, je trouve essentiel de se rappeler d’où on vient. Je voyage beaucoup, mon agenda est très chargé, mais tout est question de priorités. Il fallait trouver du temps libre pour cette escapade tramelote, c’était dur, mais je l’ai trouvé. Pour moi, cette manifestation est l’occasion de redonner quelque chose à la région. D’autre part, je me dis que mon exemple servira peut-être de source d’inspiration pour des jeunes. Je suis la preuve que, avec un peu de réussite et s’il n’y a pas de barrières, on peut arriver à ce qu’on veut. Je suis parvenu à me frayer un chemin en n’étant pourtant le fils de personne. Je veux dire, personne d’influent.

Aujourd’hui, tu résides à Londres même, une mégapole cosmopolite par excellence. Tu t’y sens à l’aise?

Sûr. Quand bien même, sous l’influence de ma vision villageoise des choses, j’ai longtemps préféré les villes à taille humaine, j’ai vite trouvé mes marques. Londres, c’est le monde en version condensée. Ses habitants viennent de partout, ils ont tous eu à relever à peu près le même défi d’intégration. Aujourd’hui, j’apprécie beaucoup le fait de pouvoir partager plein de choses avec les gens de toutes cultures qu’on est forcément amené à fréquenter. Et il faut dire que la capitale anglaise offre à la fois une vie trépidante et un choix d’une richesse fabuleuse en matière d’activités divertissantes et de loisirs, notamment dans le domaine sportif.

De quoi vas-tu parler lors de cette conférence du 20 février?

Je l’ignore encore, ce n’est pas moi qui vais choisir les thèmes de discussion. Je me mettrai à la disposition des organisateurs.

Il sera probablement question, entre autres, du problème actuel No 1 du PFA, la surcharge des calendriers…

Sans doute. Depuis l’augmentation du nombre de matches en Ligue des champions et depuis la création d’un Mondial des clubs, les joueurs de haut niveau sont soumis à un programme démentiel. Certes, ils ont le privilège de gagner beaucoup d’argent, mais ils n’ont pratiquement plus le temps de s’arrêter pour souffler un peu, pour récupérer de leur fatigue physique et mentale. Or ce ne sont pas des robots. Avec cette surcharge de travail, ils ne sont souvent plus capables d’atteindre leur meilleur rendement, ce qui est nuisible à la qualité des matches. On l’a vu lors du dernier Euro en Allemagne, qui s’est tenu en fin de saison et dont le niveau n’était pas terrible. De nombreux sélectionnés sont apparus lessivés. Et l’exemple actuel de Manchester City est éloquent. Sa méforme dépend de nombreux facteurs, l’un d’entre eux étant certainement le manque de temps de régénération de son personnel.

En Angleterrre, les joueurs se défendent et menacent de faire grève. Toutefois, vu de loin, on a l’impression qu’ils le font sans grande conviction…

Pour eux, ce n’est pas facile d’organiser une grève. Pour quelle compétition doivent-ils opter? Et comment faire pour rassembler des grévistes qui sont salariés dans des entités et des lieux différents? C’est là que notre syndicat, qui emploie au total 105 personnes appelées à visiter chaque semaine tous les clubs professionnels, essaie de se rendre utile en proposant des solutions pratiques.

Le syndicat ne se préoccupe pas seulement des stars, mais aussi des «besogneux» des ligues inférieures…

Aussi et surtout, dirais-je. PFA défend les intérêts d’environ 5000 footballeurs professionnels, hommes et femmes. On voit par là qu’il gère bien davantage les «besogneux», comme tu dis, que les stars. Les uns et les autres ont beau avoir des points communs, leurs besoins divergent le plus souvent.

Que fait le PFA concrètement pour ses membres?

Notre spectre d’activités est très vaste. Le syndicat s’occupe de tout ce qui touche à la protection des joueurs. Cela va de la résolution de conflits avec les clubs à la lutte contre les insultes racistes, en passant par l’orientation professionnelle pour l’après-brève carrière footballistique, les questions légales ou les menaces liées à l’exercice du jeu de tête qui pèsent sur la santé mentale. On propose aussi toute une batterie de conseils aux jeunes de 12 à 18 ans et à leurs parents, on participe à l’essor du foot féminin, on gère une école où s’apprend par exemple le métier de dirigeant de club et on organise des cours accélérés de formation pour entraîneurs. Granit Xhaka, le capitaine de l’équipe de Suisse, vient justement de passer par cette case.

Et toi, Maheta, hormis le fait de diriger au quotidien une bonne centaine d’employés, quel est ton cahier des charges?

Une fois par an, il m’appartient de rendre visite à tous les clubs de Premier League, pour évoquer et tenter de résoudre tous les problèmes qui peuvent se poser. Le reste du temps, je suis en contact quasi permanent avec les capitaines de ces équipes et avec les joueurs les plus influents.

Et ton avenir personnel, comment se présente-t-il?

En 2021, je me suis engagé pour cinq ans. Au terme de ce contrat, un second mandat de même durée me paraît envisageable, du moins en l’état.

Pour s’inscrire: www.fctt.ch/business

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Cette fois encore, il a répondu à l’appel de Fabio Monti

On peut apprendre le béaba du football dans le MOJU de feu le FC Tramelan, puis progresser au FC Courtelary et au FC Bienne, pour devenir ensuite joueur de niveau respectable en Espagne (Atlético Madrid B, Cuenca, Villanueva, Union Alarve), en Allemagne (Burghausen), en Angleterre (Brighton, Lincoln, Oldham, Grays) et au Pays de Galles (Wrexham). En parallèle, on peut poursuivre des études pour se muer en avocat en droit du travail et du sport, puis se faire engager comme directeur général d’un grand club espagnol (Majorque), avant d’être choisi parmi une centaine de candidats pour accéder au poste de patron du syndicat des footeux anglais. Voilà brossé en quelques traits succincts le portrait et la spectaculaire ascension sociale du polyglotte Maheta Molango (il parle couramment cinq langues).

«Si j’ai commencé le foot à Tramelan, je le dois à mon pote Fabio Monti», raconte Maheta. «Lui et moi, on mangeait souvent chez moi le mercredi, on avait droit aux bons p’tits plats italiens mijotés par ma mère. C’est Fabio qui a insisté pour que je le rejoigne dans son équipe de juniors, alors entraînée par Jean-Paul Bravin. A cette époque, le foot n’était pas tellement ma tasse de thé, j’étais bien davantage tourné vers le judo. Mon père était d’ailleurs le président du club local de judo… Quelques années plus tard, lorsque nous avons déménagé à Cortébert, j’ai été transféré au FC Courtelary. C’était plus commode sur le plan pratique.»

Membre du FCTT depuis une semi-éternité, ancien joueur, Fabio est tout émoustillé quand on le prie de parler de ses relations avec l’invité vedette du 20 février. C’est lui d’ailleurs qui a organisé sa venue prochaine. Cette fois encore donc, son appel a été entendu… «Maheta était mon voisin à Tramelan», rappelle-t-il, «on était à l’école ensemble et on est ami depuis l’enfance. Quand il est parti à l’étranger, on est resté en contact. A chaque fois que l’occasion s’est présentée, on a passé de précieux moments ensemble. Que ce soit à Brighton quand il était footballeur pro, à Manchester, Majorque ou Madrid quand j’étais en déplacement professionnel, on a toujours fait en sorte de se voir, l’espace d’un repas ou d’une soirée.»

Fabio raconte une anecdote mémorable: «En 2019, je me suis rendu à Majorque et, ce week-end-là, son équipe jouait contre le Real Madrid, entraîné à l’époque par Zidane. Encore invaincus à ce stade de la saison, les Madrilènes alignaient la ‹dream team› avec des Benzema, Ramos et autres Marcelo. Le matin du match, malgré la journée XXL qui l’attendait et bien que son portable n’ait pas arrêter de sonner, Maheta a trouvé le temps de venir me rejoindre à l’hôtel pour déjeuner avec moi. Le soir, après la victoire (1-0), on a fêté jusqu’au bout de la nuit avec le propriétaire du club. Des souvenirs magnifiques!»

En guise de conclusion, Fabio lance une fleur à son ami: «Maheta est venu à mon mariage, j’étais au sien à Madrid… Bref, c’est un pote de longue de date qui est très fidèle en amitié. Sa présence à la soirée de gala du FCTT en témoigne. Les gens ne se rendent peut-être pas compte par ici, mais il est un des personnages clés du monde du football international. Et son influence est grandissante.»

Tout est dit.

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