En ce dimanche 16 août 2015, le FCTT écrit le chapitre le plus glorieux de son quart de siècle d’existence. Quelque 2200 spectateurs se pressent à Tramelan, dans un stade reconfiguré en quelque sorte aux normes «foot d’élite», pour suivre le 32e de finale de Coupe de Suisse entre les maîtres de céans, fraîchement promus en 2e ligue inter, et le grand FC Zurich (Super League). Au bout du compte, le visiteur, futur vainqueur de cette compétition toujours très prisée du public – surtout dans les campagnes –, l’emporte sans coup férir (6-1). Mais en réalité, l’édifiant résultat importe peu. Ce qui compte, ce qui va rester dans les mémoires, c’est que la magie de la Coupe aura opéré et fait vibrer la corde sensible de tout un club. Et même de toute une région, ajoutera-t-on avec une pointe de fierté. Le 5e épisode de la série consacrée au 25e anniversaire de notre club revient joyeusement sur quelques-unes des péripéties du jour.
«Un plaisir fou!» «Cette journée de fête fait partie de mes plus beaux souvenirs», s’enthousiasme, avec une décennie de recul, le Tramelot Eric Tellenbach, alors entraîneur de notre 1re équipe (réd: il avait pris le relais de Vincent Sbaraglia au décès de celui-ci). «Pas à cause du match en lui-même, trop vite joué, mais en raison de l’envergure exceptionnelle de l’événement. Le FCTT n’avait jamais connu une affiche aussi prestigieuse. Les gars de nos deux villages formaient alors l’essentiel de l’équipe, il régnait à l’interne une ambiance formidable. J’ai pris un plaisir fou! Mais sur le plan purement sportif, l’ascension en 2e ligue inter, qui était devenue réalité quelques semaines plus tôt, avait suscité en moi encore davantage d’émotions.»
Hypnotisés «Nous avons connu une entame de partie particulièrement pénible (réd: Zurich menait déjà de quatre longueurs après 24 minutes de jeu). Dans le secteur défensif, nos joueurs étaient beaucoup trop statiques, comme paralysés par l’enjeu et par le vacarme du kop zurichois massé derrière notre but», se souvient Eric Tellenbach. «En aucune manière, au début, nous n’avons réussi à freiner les ardeurs de l’équipe zurichoise. Heureusement, les choses se sont mieux passées en seconde mi-temps. Nous avons montré une belle réaction. Il est vrai que Zurich avait lâché du lest. Conformément à notre feuille de route, tout le monde a pu participer et prendre son pied, y compris donc les trois remplaçants autorisés à entrer en jeu.»
Un moment inoubliable dans la carrière de Benjy Mercier, l’actuel team-manager de la 1re équipe.
Dane Imbriano sauve l’honneur Pour faire bonne mesure, nos gars finiront par réduire l’écart à 1-5 peu après l’heure de jeu, par l’entremise de Dane Imbriano. Le lendemain, dans Le Journal du Jura, Julien Boegli écrivait: «Entré en cours de jeu, l’attaquant s’est fendu d’un lob du plus bel effet. Un but pour l’honneur, pour l’honneur de tous. Ils en rêvaient, ils l’ont eu.» L’auteur de l’exploit de l’après-midi, lui, déclarait dans les mêmes colonnes: «Sur le moment, j’ai vu que le gardien était trop avancé, alors j’ai saisi ma chance. Pour le spectacle et le public, je suis heureux que mon lob ait fini au fond. Ce n’est pas tous les jours que j’entends une telle foule crier sa joie après une de mes réussites!» Aujourd’hui, le buteur aux racines italiennes est âgé de 32 ans et a cessé le football.
Comme une fête villageoise «Cette rencontre n’avait pas fait l’objet de notre part d’une préparation spéciale. C’eût été impossible. Car comme toujours au mois d’août, la reprise de nos activités avait été perturbée par les absences des vacanciers», poursuit Eric Tellenbach. «D’entrée de cause, je savais qu’il serait compliqué pour nous de rivaliser avec cet adversaire et sa cohorte de joueurs professionnels. A défaut d’avoir pu créer la surprise sur le terrain, nous avons pleinement profité de l’engouement d’après-match, dans et aux abords du stade. On aurait dit une grande fête villageoise. C’était merveilleux! On rencontrait plein de gens qu’on n’avait pas l’habitude de voir à nos matches. Et tous avaient le sourire aux lèvres.»
Le bon mot de Gaëtan Habegger Malgré la réputation sulfureuse de certains fans zurichois, le match FCTT – Zurich n’a été terni par aucun incident notoire. «C’est dû à notre complaisance», plaisante notre ancien attaquant Gaëtan Habegger, aujourd’hui membre de l’équipe des seniors du FC Aarberg. «Pour éviter d’envenimer les débats, nous avons fait exprès de lever le pied. Le kop visiteur aurait réagi différemment si on avait mené 4-0…» Ben voyons!
Un film pour ne pas oublier Récemment, à l’initiative de Sergio Cunha, l’équipe presque au complet de cette époque bénie des dieux s’est retrouvée avec un plaisir non dissimulé à la Buvette de Tramelan, histoire de marquer les 10 ans de l’événement. Véritable pilier du club, l’actuel joueur de la «deux» en a profité pour présenter un chouette film d’une dizaine de minutes qu’il avait lui-même réalisé, pas plus tard qu’à la veille de ces joyeuses retrouvailles. «Avec les années, les souvenirs ont tendance à s’estomper», dit-il. «Alors il est important de pouvoir archiver des faits précis. Avec des potes, cela faisait un moment qu’on discutait de ce projet, qui avait un peu de peine à prendre forme.»
Pas un néophyte En matière de réalisations, Sergio Cunha n’est pas un néophyte. «Ce genre d’exercice fait partie de mon travail», explique-t-il. «Et il m’est arrivé aussi de monter de petits films pour des anniversaires ou des mariages. En l’occurrence, j’ai réuni des images de Canal Alpha avec d’autres dossiers. Il faut dire que je possède une base de données assez fournie, qui m’a été bien utile.» Sergio se dit prêt à partager le fruit de son travail avec ceux qui lui en feront la demande. Le film fera par ailleurs l’objet d’une projection publique au printemps 2026, probablement au CIP à Tramelan, dans le cadre des festivités qui marqueront le 25e anniversaire du FCTT.
Le mot de la fin A la Buvette de Tramelan, tous les convives ont revu les images de l’événement avec un pincement au coeur. «Ce qui est apparu pour ce qui me concerne, c’est mon manque d’expérience. Aujourd’hui, je serais trop court physiquement pour résister à Zurich, mais mieux placé», s’amuse Sergio Cunha du haut de ses 32 ans.
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FCTT – Zurich 1-6 (0-4)
Allianz Suisse Stadium, Tramelan: 2200 spectateurs (record du stade).
Arbitre: Mme Esther Staubli.
Buts: 5e Sadiku 0-1. 16e Sadiku 0-2. 21e Sadiku 0-3. 24e Joachim Geiser (autogoal) 0-4. 59e Chermiti 0-5. 61e Imbriano 1-5. 86e Gavranovic 1-6.
Tavannes/Tramelan: Anthony Geiser; Steven Habegger, Joachim Geiser, Cunha, Mercier; Steinmann, Yannick Tellenbach, Lekeufack (46e Gaëtan Habegger), Johan Tellenbach (54e Imbriano); Maiorano (59e Grégory Studer), Kevin Studer.
Zurich: Favre; Kecojevic, Grgic, Djimsiti; Sarr, Cabral (62e Kukeli); Di Gregorio, Simonyan (62e Gavranovic), Bua; Sadiku (67e Etoundi), Chermiti.
Notes: le FCTT sans Abas (raisons professionnelles). Zurich sans Chiumento, Buff, Schnbächler ni Yapi (blessés). Avertissements à Mercier (41e, jeu dur), Yannick Tellenbach (63e, réclamations) et Chermiti (78e, simulation). But de Gavranovic annulé (77e, hors-jeu). Coups de coin: 2-8 (2-4).
Il y avait foule le 16 août 2015 à Tramelan.
