Le président Loïc Châtelain dévoile la stratégie à moyen terme du FCTT

Loïc Châtelain: même après 10 ans, un président visionnaire.

La relégation de notre 1re équipe en 2e ligue régionale aurait pu avoir sur lui un effet ralentisseur, voire carrément dissuasif. Le fait qu’il se trouve à un an de la fin de son ère, également. Mais non. Notre président Loïc Châtelain, dont le départ en juin 2026 a été clairement annoncé lors de l’assemblée générale de 2023, continue de mener la barque avec le dynamisme et la poigne qu’on lui connaît. «Je veux achever mon mandat en mon âme et conscience», affirme celui qui est en poste depuis 2015.

Loïc vient d’élaborer un plan de route général pour les cinq prochaines années. Il l’a ensuite fait valider par le comité, puis l’a présenté, il y a une semaine, à la 1re équipe. «Le FCTT se doit d’avoir une stratégie à moyen terme et de la respecter. Mais il va sans dire que mon futur successeur (réd: qui reste à trouver) aura tout loisir de reformuler tout ça à son goût.»

Nous reproduisons ci-dessous de larges extraits de cette feuille de route.

Mission, vision et objectifs

«Le FCTT a pour mission d’encourager la pratique du football dans nos villages dans un esprit convivial, d’être un club pour tous, rassembleur et vecteur d’intégration, d’offrir un cadre de développement et de formation garantissant compétence, bienveillance et honnêteté», rappelle Loïc. «Ce sont nos grandes lignes. Mais il doit être ambitieux aussi, tout en permettant à chacun d’évoluer à son niveau, dans le but de rendre nos membres fiers de défendre et de porter les couleurs de ce club familial, formateur et ancré dans la région.»

L’objectif visé à court terme, c’est-à-dire pour la saison 2025/26? «Stabiliser l’équipe en 2e ligue, instaurer une nouvelle dynamique et reconstruire une identité forte basée sur les joueurs locaux et la formation», souligne Loïc. «Les anciens joueurs, porteurs des valeurs du FCTT et dotés de la bonne mentalité, sont les bienvenus pour encadrer cette dynamique, l’objectif ultime étant de former un groupe compétitif et fidèle à l’ADN du club.»

A moyen terme, soit pour la période de 2026 à 2028, Loïc estime qu’il faut nourrir l’ambition de dominer la 2e ligue régionale et de viser un retour en 2e ligue inter, «à condition toutefois que le projet de construction d’un terrain synthétique à Tavannes, qui est actuellement à l’étude, se concrétise», ajoute-t-il. «A condition aussi que l’on puisse ‹récupérer›, si possible tous ensemble, les anciens joueurs de notre vivier qui sont partis en exil en Promotion League ou en 1re ligue (réd: Emmanuel Mast, Matthew Maeder, Wayan Ducommun, David Neto, Maxime Eschmann). Nous en avons parlé avec certains d’entre eux et les retours sont plutôt positifs…»

A plus long terme, pour la période de 2028 à 2030, notre président préconise une «stabilisation en 2e ligue inter dans l’optique de jouer les premiers rôles et, pourquoi pas, d’accéder un jour à la 1re ligue. Atteindre tous ces buts passe par une identité forte, par une structure performante et par le bon développement de la relève.»

Les piliers stratégiques

Et Loïc de poursuivre: «Le FCTT repose sur une identité forte, forgée au fil des années autour de trois valeurs fondamentales: la formation, l’ambition et l’esprit familial. Dans une phase de reconstruction sportive, il est crucial de revenir à l’essence même de ce qui fait notre club.»

Mais encore: «Nous devons rester un club formateur et enraciné dans la région. Nous avons toujours eu pour vocation de former des jeunes issus de la région. Cette stratégie sera renforcée ces prochaines années en visant à ce que la majorité de l’effectif de l’équipe fanion soit composée de joueurs formés au club ou dans notre bassin local. Nous devons viser à être l’adresse de référence pour les jeunes de 16 à 20 ans. L’équipe fanion sera reconstruite autour de joueurs incarnant pleinement notre ADN: attachement au club, engagement total, humilité, combativité, respect du maillot. »

Loïc insiste aussi sur le retour au fameux esprit «guerrier». «Historiquement», rappelle-t-il, «le FCTT s’est illustré par sa capacité à ne jamais rien lâcher. Cet état d’esprit combatif, solidaire, dur sur l’homme mais toujours dans le respect, doit redevenir notre signature. Nous ne serons pas toujours les plus talentueux, mais nous serons toujours les plus engagés.»

Ce plan stratégique fait allusion par ailleurs à l’aspect familial et fédérateur du FCTT. «L’identité d’un club se construit aussi en dehors du terrain. Maintenir une ambiance chaleureuse est essentiel: proximité entre joueurs, staff, parents et supporters, événements fédérateurs, ancrage dans la vie locale. Chaque joueur doit être fier de porter nos couleurs parce qu’il se sent chez lui», synthétise-t-il. «Ces moments de communion, d’échange et de fête, que ce soit dans la victoire ou la défaite, sont un pilier culturel du FCTT. Ils soudent les joueurs entre eux, rapprochent les générations et tissent le lien entre les équipes, les parents, les supporters et les bénévoles. C’est dans ces instants partagés que se forge l’unité d’un club.»

Formation des jeunes talents

Loïc consacre par ailleurs un large pan de sa feuille de route à la cellule de développement dédiée aux jeunes de 16 à 20 ans, qui sera dirigée dès la rentrée du mois d’août par le nouveau venu David Quain. «Cette cellule est au cœur de notre stratégie pour rester le club leader en formation et en détection de talents», souligne-t-il. «Elle incarne notre volonté de former localement, de faire grandir ensemble et de bâtir un club compétitif et fidèle à son identité. Elle fonctionne comme passerelle et lien entre la formation de base et les équipes actives et comme plateforme pour que les joueurs en phase de progression gagnent du temps de jeu. Elle propose des séances techniques individualisées et de préparation mentale. Le groupe s’entraîne par ailleurs une à deux fois par semaine avec l’équipe fanion.»

Par ailleurs, le FCTT est sur le point de créer une cellule de développement de même type pour les talents de moins de 16 ans, qui sera également dirigée par David Quain.

Pour ce qui est de nos juniors B Promo, le FCTT vient de conclure un accord de partenariat avec Birse FC. «C’est la première étape de formation vers l’équipe fanion pour les jeunes talents issus de la région», indique Loïc. «Elle permettra une mise en situation adaptée et une découverte progressive du football structuré et ambitieux. En un mot, elle assurera une transition plus fluide vers le football adulte compétitif.»

Renforcer la base pour bâtir l’avenir

Notre président dresse d’autre part le constat suivant: «Le FCTT fait face aujourd’hui à un manque de relève issue de ses équipes juniors, notamment en raison du niveau insuffisant pour alimenter une équipe fanion en 2e ligue inter. La majorité des jeunes talents intégrés à l’équipe première sont actuellement des joueurs ayant évolué dans le football élite, que le club parvient à récupérer entre 15 et 18 ans. Ce constat est d’autant plus préoccupant qu’un manque de relève de joueurs régionaux se fait également sentir au sein de la structure élite de la région.»

A ses yeux de dirigeant, pour répondre à ce défi, la stratégie du futur repose sur un double axe de travail au sein du MOJU: d’une part, former très tôt les plus jeunes avec un encadrement de qualité, dans l’objectif de les faire accéder à des structures élite hors club (Delémont, Bienne, AJF, etc.), tout en gardant un lien fort pour les récupérer à maturité entre 15 et 18 ans. De l’autre, renforcer la formation interne des juniors évoluant dans nos équipes (non-élite), afin d’élever leur niveau. L’objectif est de préparer certains profils à intégrer l’équipe fanion dès 16 à 18 ans, en complément des retours de l’élite.

Pour gérer tout ça, le FCTT doit pouvoir compter sur un encadrement fort et engagé, comprenant, outre tous les entraîneurs, «un directeur sportif entouré de sa commission technique et de sa commission de jeu, un MOJU entouré de sa commission technique et de son coordinateur technique, un responsable de la cellule de développement, un staff technique élargi et spécialisé pour l’équipe fanion avec un entraîneur en chef doué de compétences en matière de formation, un préparateur physique intervenant pour des séances d’entraînement spécifiques, un staff médical comprenant masseur, physio, etc, et enfin un suivi de la progression des joueurs», énumère Loïc.

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Trop de contraintes pour évoluer en 2e ligue inter

Loïc Châtelain s’est penché ces dernières semaines sur le parcours de notre 1re équipe et a beaucoup cogité sur les causes et les conséquences de cette saison 2024/25 totalement ratée. «Depuis deux ans, nos structures se sont améliorées mais notre équipe n’a cessé de s’affaiblir», constate-t-il. «Toute une série de joueurs importants qui n’avaient pas 30 ans, Sergio Cunha, Steven Habegger, Loïc Dubois, Wayan Ducommun, Nicolas Strahm, Maël Zaugg, Mohamed Camara et Cyril Brunner, ont pris leurs distances. Autrement dit, l’équipe s’est appauvrie au fur et à mesure que s’élevait le niveau d’exigence de la 2e ligue inter, du fait de sa cure d’amincissement. Et nous n’avions pas assez de qualité au sein de notre propre relève pour y remédier.»

Tous ces départs ne sont pas dus au hasard. «Les exigences de la 2e ligue inter sont devenues trop élevées et trop énergivores pour un club comme le nôtre qui ne rémunère pas, ou alors très peu, ses joueurs et peine ainsi à recruter des gars de l’extérieur», résume Loïc. «Nos joueurs s’engageaient quatre fois par semaine pendant 10 mois, sans compter le fait qu’ils étaient convoqués tard le soir à Bienne pour s’entraîner souvent par grand froid sur une surface synthétique, et cela à raison de deux séances hebdomadaires. A la longue, cette situation devenait usante, surtout pour ceux qui avaient abandonné l’espoir de faire une grande carrière et n’avaient plus la volonté de prioriser le football.»

Le FCTT a néanmoins déployé de gros efforts pour tenter de se maintenir en 5e division, mais sans faire offense, à de rares exceptions près, à sa ligne de conduite. Pourquoi dès lors vouloir y remonter dans deux ou trois ans? «Pour s’y établir durablement en nous basant sur une majorité de bons joueurs locaux et régionaux formés chez nous», souligne Loïc. «Et pour afficher une réelle ambition sportive et conserver ainsi une image attractive. Mais je précise bien que cet objectif n’aura de sens qu’en cas de construction d’un terrain synthétique à Tavannes.»

Quelques statistiques de la saison de notre 1re équipe, qui vient de se terminer

Les arguments pro De Feo

En attendant, le FCTT devra essayer de se refaire une santé et un moral en 2e ligue. Désormais seul maître à bord, l’entraîneur Fabio De Feo a été prolongé. Un choix qui fait débat. «Pour juger, nous ne prenons pas en compte seulement les résultats», lance Loïc. «Lors de passages à vide, le FCTT a souvent conservé ses entraîneurs. Là en l’occurrence, la relégation nous pendait de toute façon au nez, car l’équipe n’avait pas le niveau.»

Le président cite trois raisons qui font pencher la balance en faveur du technicien biennois. «Primo», dit-il, «Fabio a l’équipe derrière lui. Deuxio, la qualité de ses entraînements nous satisfait. Et tertio, il s’est fort bien imprégné de la politique du club et se montre sensible à la cause des jeunes. Or la reconstruction passe par là. On le dit trop mou, trop passif dans sa façon de diriger? C’est parce qu’il a une manière différente d’appréhender le coaching. Sans s’exciter, sans hurler.»

Toutefois, Loïc n’est pas dupe. «En lui renouvelant notre confiance, nous prenons un risque, mais un risque mesuré», estime-t-il. «Fabio a tout à prouver, il n’a pas reçu de chèque en blanc.»

Lors de cette saison de malheur, le ressenti fut que les jeunes joueurs non seulement n’avaient pas progressé, mais qu’ils avaient même plutôt régressé. «C’est un grand paradoxe», fait remarquer Loïc. «A l’origine, cette 2e ligue inter avait été créée pour favoriser l’éclosion des jeunes. Mais, avec le changement de formule, ses conditions cadres ont changé. Les clubs ont été tenaillés par l’ambition de se sauver et l’obligation de faire des résultats. Alors les jeunes ont eu moins de temps de jeu. Ce n’était pas un cadeau de les titulariser. Le problème, chez nous, est que les anciens n’ont pas réussi à tirer l’équipe en avant.»

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