Pierre Bourquin et Mathieu Chaignat lèvent le voile sur la «quatre»

Le FCTT 4 version 2023/24, l'équipe des réfugiés. (Photo Eric Vermot)

Ce vendredi 19 janvier 2024, le club avait convié une frange essentielle de ses troupes, soit ses entraîneurs, arbitres, bénévoles et comitards, à la buvette de Tramelan, histoire de leur offrir le traditionnel souper de récompense de début d’année. En ouverture, tout ce petit monde a eu droit à une présentation de la «quatre» du FCTT. Sous cette appellation se cache, depuis 2016, l’année de sa création, une équipe de réfugiés et autres demandeurs d’asyle. Une escouade tapie dans l’ombre, car formée de joueurs sans licence, alignée dans aucun championnat, vouée à se produire seulement dans des matches amicaux et tournois de foot de rue.

Pour éclairer la lanterne de l’auditoire: Pierre Bourquin, plus connu sous le sobriquet de «Guignolet», entraîneur en poste depuis trois ans et demi. Et le Tramelot Mathieu Chaignat, président de l’Amitra, soit l’association «Aide aux migrants de Tramelan», en charge du côté administratif et organisationnel de la chose.

«Si les joueurs ne reçoivent pas de licence, c’est en raison de l’instabilité de leur statut», explique Pierre Bourquin, qui a pris la succession de Jean-Louis Crétin. «En revanche, le FCTT leur offre les installations et les équipements.» Du haut de ses 72 ans – il a fêté son anniversaire précisément ce 19 janvier! – le vétérinaire semi-retraité de Muriaux conduit ce groupe très hétéroclite d’une main de fer. Il ne craint pas de haranguer ses joueurs. Malgré l’absence de réels enjeux sportifs, il convient selon lui de maintenir une certaine exigence, de ne pas faire n’importe quoi, car le plaisir de chacun naît avant tout du fait de bien jouer. «Pierre a la gagne dans le sang», affirme pour sa part Mathieu Chaignat.

Personnage truculent et adepte du second degré, Pierre Bourquin baigne dans le milieu du football depuis toujours. Comme joueur, il a connu ses heures de gloire au FC Saint-Imier, son club de cœur, dont il a défendu la cage durant une quinzaine d’années. Aujourd’hui encore, ce passionné court chaque week-end de stades en stades pour assister à de nombreux matches. Ceux d’Ajoie-Monterri, pour soutenir son fils Reynald, gardien lui aussi. Mais également, régulièrement, ceux du FCTT.

Un esprit d’équipe à trouver

La «quatre» du FCTT est composée d’une majorité de jeunes Africains. Auxquels se joignent des Syriens, des Afghans et des Kurdes, notamment. Avant de débarquer en Suisse, tous ont connu une trajectoire chaotique, voire dramatique. Leur regroupement sur un terrain représente un mélange de cultures, d’egos et de susceptibilités pas toujours aisé à gérer. «Toutefois, depuis un an, l’équipe est plutôt soudée et stable, donc plus compétitive. Elle obtient désormais de meilleurs résultats. C’est la récompense logique d’un travail commun sur le long terme», se réjouit Mathieu Chaignat. A ce stade du récit, il faut savoir que les joueurs en question n’ont jamais évolué dans un club avant leur arrivée au centre d’hébergement de Tramelan. Du coup, ils ignoraient pratiquement tout, au départ, des vertus du jeu collectif.

«Guignolet», dont l’engagement en l’occurrence est bénévole, en est convaincu: «Cette expérience est probante. Elle se doit d’être poursuivie, car elle favorise l’intégration.» Le Taignon a d’ailleurs lancé un appel à l’adresse de ses confrères entraîneurs. A l’avenir, il souhaite pouvoir organiser quelques matches internes, quitte à composer des équipes mixtes pour équilibrer les forces.

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