Il est notre directeur sportif: Blaise Ducommun à cœur ouvert

Blaise Ducommun occupe le poste de directeur sportif du FCTT depuis le début de la saison 2022/23. Il a remplacé Danael Kipfer. (Photo Alain Boillat)

En ce samedi 17 juin, le grand livre de la saison 2022/23 s’est refermé, sur une défaite à domicile contre le Team Vaud M21 (0-1). Le moment est venu de faire un brin de causette avec notre virevoltant directeur sportif Blaise Ducommun. Entré en fonction il y a tout juste un an en remplacement de Danael Kipfer, le Tramelot de 52 ans à la carrure de rugbyman et au tempérament sanguin est en train de vivre la phase la plus trépidante de l’année. Pratiquement en continu, il est au four et au moulin pour tenter de mener à bien la campagne de transferts, pour compléter les effectifs de nos équipes d’actifs et des juniors A.

Blaise, tu viens d’achever ta première saison en tant que directeur sportif du FCTT, rôle que tu exerces à titre bénévole. En quelques mots, quel est le bilan que tu tires pour chaque équipe?

Pour ce qui est de la 1re équipe, on peut parler d’un exercice satisfaisant dans l’ensemble, puisque nous avons réussi à nous maintenir sans problème dans cette 2e ligue inter devenue encore plus astreignante que par le passé. Reste un bémol: nous avons vécu un second tour poussif qui me laisse un goût d’amertume. Au terme de l’excellente phase aller, nous avions des attentes supérieures.

A propos de la «deux», j’avais certaines craintes au départ. Mais elle est parvenue à se tirer d’affaires assez facilement, en tenant notamment la dragée haute à plusieurs ténors de son groupe de 3e ligue, et j’en suis ravi. La saison prochaine, elle disposera d’un outil de travail plus performant encore avec l’arrivée de quatre renforts: Sergio Cunha, Steven Habegger et Loïc Dubois, en provenance de la 1re équipe, ainsi que Joel Henriques, qui sort des juniors A.

Quant à la «trois», dominatrice d’un bout à l’autre et promue en 4e ligue, il  n’y a pas grand-chose à dire, sinon qu’elle a cartonné et confirmé ainsi tout le bien que l’on pensait d’elle au départ.

Et les juniors A, dont l’équipe est également placée sous ta tutelle?

Nous avions là un groupe composé de plusieurs joueurs pétris de talent et dirigé par un coach (réd: Christophe Bigler) très compétent. Mais force est de reconnaître que ses performances de fin de saison ont déçu. Elles sont allées en decrescendo.

Et sur un plan plus personnel, comment as-tu vécu ce plongeon dans un monde nouveau pour toi?

La fonction de directeur sportif représente une grosse charge de travail, davantage encore que ce à quoi je m’attendais. Pour imager, on peut dire qu’elle te pousse à respirer foot, à manger foot et à boire foot à longueur de semaine. Ce qu’il y a de passionnant, c’est de se trouver continuellement au cœur de l’événement, dans le feu de l’action, et de devoir réagir avec promptitude à une multitude d’informations. J’essaie de faire au mieux, de satisfaire tout le monde, mais ce n’est pas toujours évident.

Tout le monde s’accorde à louer ton engagement exceptionnel. Mais n’aurais-tu pas tendance à pousser le bouchon un peu trop loin?

La question se pose de savoir ce qui est excessif et ce qui ne l’est pas. Je dois essayer de maîtriser il est vrai plein de paramètres souvent inattendus. Je le fais avec mes forces et mes faiblesses. A la base, il se trouve que l’inaction me pèse. Et si j’ai choisi d’y aller à fond dans mon engagement pour le club que j’aime, c’est aussi parce que je ne veux surtout pas que l’on puisse m’accuser de minimalisme. Cela dit, je ne suis pas le seul à me décarcasser, loin de là. Nombreux sont ceux qui mouillent le maillot pour mener le navire du FCTT à bon port.

Mais, pour te soulager un peu, ne serait-il pas préférable de confier à quelqu’un d’autre, par exemple, la responsabilité de la «deux» et de la «trois»?

La gestion de ces deux équipes est beaucoup moins contraignante que tout le reste. La plupart du temps, la «deux» et la «trois» sont d’ailleurs tout à fait capables de s’autogérer. Donc, pour moi, le coup reste jouable.

Avec tout ça, il te reste un peu de place pour autre chose?

Ma vie privée pâtit de la situation, c’est certain. J’ai rarement un moment à moi. J’ai la chance de pouvoir compter sur la compréhension et l’appui de mon épouse Magali, qui tolère mes états d’âme. Passionnée elle aussi, elle est la supportrice No 1 du FCTT. Il faut dire que, avec son père (réd: Michel Domon), qui était naguère un pilier du FC Orvin, elle a grandi dans le monde du foot. Pour nous changer les idées, elle et moi faisons assez régulièrement un break. Nous sommes des adeptes de la randonnée en montagne.

Revenons à la 1re équipe. Elle a eu l’art cette saison de sauter du coq à l’âne…

C’est vrai, et c’est incompréhensible. Un jour, la voici capable de présenter des schémas de jeu élaborés, voire de pratiquer un football champagne. Un autre jour, on se demande ce qu’elle fait en 2e ligue inter. Ce printemps, notre équipe a égaré de nombreux points face à des adversaires qui ne lui étaient pas supérieurs, donc à sa portée. Il lui a souvent manqué un je ne sais quoi… A mon avis, elle sera capable de jouer le haut du tableau le jour où elle se montrera régulière. A sa décharge, il faut pointer du doigt nos conditions d’entraînement. Nous ne sommes vraiment pas gâtés, surtout en cas de mauvais temps persistant. Parfois, ces derniers mois, avec toutes ces pluies, les joueurs en avaient ras le bol et perdaient leur motivation.

Tes deux fils, Wayan et Donovan, sont régulièrement titularisés en 1re équipe. Pour toi, est-ce une source de conflits?

Les Ducommun forment un clan très soudé. Ce sont les liens du sang. Alors en effet, je me suis souvent demandé si ma présence à ce poste était compatible avec ce fait. Il me semble que oui. En tout cas, je tiens à dire que mes fils ne jouissent d’aucun privilège. S’ils jouent, c’est parce que l’entraîneur juge qu’ils le méritent. Je ne me suis jamais immiscé dans la composition de l’équipe. Mais je suis évidemment assez sensible quand quelqu’un s’en prend à eux sans raison valable.

Comme à Matran le 27 mai dernier, quand le coach a tancé Donovan en plein match…

Steve Langel ne visait pas que mon fils cadet, il s’en est pris à plusieurs joueurs.

C’est à ce moment-là que, avec ton tempérament volcanique, tu as provoqué une prise de bec avec l’entraîneur, et que celui-ci t’a rabroué…

Ce sont des émotions inhérentes au football, rien d’autre. J’ai toujours éprouvé beaucoup de respect pour Steve Langel, dont je fus l’assistant, et pour son travail. En l’occurrence, je suis intervenu (réd: avec véhémence) dans ma fonction de directeur sportif pour lui demander de se calmer et de se montrer plus positif à l’égard des joueurs. Pour toute réponse, il m’a envoyé sur les roses. On s’est aperçu après coup que cette intervention a été l’élément déclencheur de la crise que l’on sait.

Tu as crevé l’abcès, en quelque sorte…

Oui. Je le répète, j’ai agi sous le coup de l’émotion. A tête reposée, je me dis qu’il aurait fallu le crever différemment, cet abcès.

De mauvaises langues parlent d’un coup monté…

Il ne s’agissait en aucun cas d’une cabale. Rien n’était prémédité. En exerçant ce job, je ne cherche pas à me profiler, à devenir calife à la place du calife ou je ne sais quoi. Je ne m’intéresse pas au pouvoir. Dans mon esprit, en arrivant au stade ce jour-là à Matran, on allait finir la saison actuelle et entamer la suivante avec Steve Langel aux commandes.

Tout s’est décidé le mardi suivant, lors d’une séance d’équipe au cours de laquelle Steve Langel a compris qu’il avait perdu l’adhésion des joueurs et estimé préférable de renoncer à sa 8e saison de contrat. Entre-temps, le FCTT a engagé un nouvel entraîneur en la personne de Philippe Rossinelli. Le bon choix?

J’en suis convaincu, oui. «Rossi» correspond fort bien au profil recherché. Il a un vécu et un palmarès qui forgent le respect. Et, chose capitale à nos yeux, c’est un formateur. Lors de nos entretiens, il nous a fait forte impression, il vivait le projet dès le premier contact.

Quel sera l’objectif de la 1re équipe la saison prochaine?

On veut rester ambitieux, c’est-à-dire ne pas avoir le maintien pour seul objectif. L’équipe va subir quelques retouches, mais pas de grands chambardements. Ce sera placé sous le signe de la continuité. Nous allons tabler sur un contingent très jeune, mais plein d’appétit et de talent.

Pour un club comme le FCTT, militer à long terme dans cette 2e ligue inter revisitée, plus pointue, est loin d’être une évidence, n’est-ce pas?

En effet. Pour nous qui misons essentiellement sur des forces locales et régionales, il s’agit d’un défi permanent, à relever dix mois sur douze. On ne peut être qu’admiratif du comportement des joueurs, de leur énorme investissement personnel. Les résultats ne tombent pas du ciel, ils sont le fruit d’un gros travail.

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Un mec qui ne ressemble à personne

Blaise Ducommun, notre directeur sportif, est un original, un mec enthousiaste et entier qui ne ressemble à personne, et c’est peut-être bien cela qui fait son charme et le rend si attachant. Bâti comme une armoire à glace, physique qu’il entretient trois fois par semaine en salle de fitness, bardé de tatouages, au premier abord, il impressionne. Mais, en fait, c’est plutôt un doux géant. Un géant volubile, connu pour son franc-parler et son caractère bien trempé.

Pour gagner sa vie, Blaise – Zou pour les intimes – a appris et exercé deux métiers différents. D’abord celui, peu banal, de tailleur de pierre, au Tessin. Puis celui de policier. «Depuis mon école de recrue chez les grenadiers à Isone, je suis attiré par le militaire, l’ordre et la sécurité», explique-t-il pour justifier son choix. «Au sein de la Police cantonale bernoise, j’ai travaillé dans différents services. Depuis peu, je suis affecté à la prévention de la criminalité à Bienne.» Ses horaires sont devenus plus réguliers, mais il lui arrive d’être convoqué pour des extras, en renfort pour assurer la sécurité lors d’événements spéciaux ou lors de matches à domicile du HC Bienne.

Si Blaise s’est lancé dans le football, dans les juniors E du FC Tramelan, c’était pour suivre sa bande de copains. Son frère et ses cinq cousins, eux, en pinçaient plutôt pour le hockey sur glace. Par la suite, il fera une honnête carrière de footballeur des talus, à Losone, Orvin et surtout Evilard (durant cinq saisons), son plus beau souvenir. Avant de revenir au bercail, c’est-à-dire au FCTT, son club de cœur, dont il est devenu aujourd’hui une cheville ouvrière. «J’ai tenu presque tous les postes, gardien, puis attaquant, puis défenseur central», sourit-il.

Né le 13 janvier 1971, Blaise est marié à Magali et père de deux fils, Wayan, prénom d’origine balinaise, et Donovan, prénom d’origine irlandaise. Les deux évoluent conjointement en 1re équipe du FCTT.

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