A l’occasion du match de championnat à domicile contre Porrentruy, le FCTT vous propose le deuxième épisode de sa nouvelle série consacrée à l’anniversaire des 25 ans de sa création. Anniversaire qui, rappelons-le, sera célébré en plusieurs chapitres lors du second tour de la saison 2025/26 (nous en reparlerons en temps opportun). Après Michel Bourqui, l’instigateur de cette fusion historique devenue réalité le 20 avril 2001, c’est de son bras droit, Marcel Greder, monument de la scène footballistique régionale, qu’il est question.
Durant une très large partie de sa vie, Marcel, qui a fêté tout récemment (le 20 août) ses 69 ans, aura voué au ballon rond et à son club de cœur une passion sans bornes. Résumer la carrière de joueur de ce Tavannois pur sucre – encore que «l’infidèle» ait déménagé à Tramelan il y a cinq ans… – n’a rien de sorcier tant elle fut linéaire. Des juniors de Tavannes aux seniors du FCTT, en passant par les 1re et 2e équipes tavannoises, il a franchi le cursus habituel d’un clubiste d’une exemplaire loyauté. D’abord comme arrière latéral, puis comme attaquant. «Mais je n’étais pas un grand joueur», avoue-t-il humblement. La belle affaire…
Stupéfiante longévité
En 1976, alors qu’il n’a que 20 ans, Marcel – «Chuck» pour les intimes – fait son apparition dans le comité juniors du FC Tavannes. Sans le savoir, il met ainsi les pieds dans un engrenage qui le conduira à une carrière de dirigeant d’une stupéfiante longévité: près de 40 ans! «J’ai siégé au comité central dès 1979. Au fil des ans, on m’a confié toutes les fonctions, sauf celle de caissier», confie-t-il. En 1992, il accède à la présidence, en lieu et place de Gérard Mangeat. Il y reste jusqu’à la création du FCTT, en 2001. A partir de cette date-clé dans l’histoire des deux clubs, il endosse le rôle de vice-président, titre purement factice ou honorifique dans de nombreuses sociétés, mais pas dans ce cas-là, car notre homme se dépense sans compter en soutien du président Michel Bourqui.
Ce binôme fonctionne comme une locomotive et poursuit ses activités jusqu’en 2015, date de la «prise de pouvoir» du comité actuel. De juin à décembre 2019, suite au retrait de Francesco Martello, Marcel reprend par intérim la présidence du MOJU, avant de céder sa place à Jean-Louis Crétin, comme convenu. Depuis lors, Marcel n’exerce plus aucune fonction officielle. Il se contente d’un rôle de supporter aussi fervent que critique, fidèle en quelque sorte à sa réputation de forte tête. En parallèle, il continue de suivre d’assez près la carrière de son fils de cœur Emmanuel Mast, ancien junior du FCTT devenu aujourd’hui attaquant de Breitenrain, en Promotion League.
Marcel a toujours accordé une importance primordiale à l’aspect social de la vie du FC Tavannes, puis du FCTT, deux entités typiquement villageoises. Il a notamment pris son rôle de responsable des manifestations très à cœur en s’impliquant corps et âme dans l’organisation de matches au loto et, plus encore, dans celle de la Fête des Saisons. «Pendant des années, j’y ai tenu le stand des filets de perches. Mettre sur pied toute ce bastringue constituait une tâche énorme, qui me donnait carrément une semaine de boulot», lance-t-il. «Et dire que certains de nos membres pleurnichent parce qu’ils ont quatre heures de leur temps à sacrifier pour mettre la main à la pâte…»
Plus tard, il contribua largement aussi à l’instauration d’une belle tradition, les fameux repas de soutien du FCTT, à Tramelan.
Dans la vie de tous les jours, on rappellera ces quelques faits majeurs: Marcel a entamé sa carrière professionnelle en tant qu’employé CFF. Puis, de fil en aiguille, il est devenu chef de gare à Tavannes, avant de changer d’orientation et de créer ID Voyages, sa propre agence, qu’il a gérée jusqu’à sa récente retraite. Divorcé et père de deux enfants (Malika et Nicolas), il vit aujourd’hui avec sa compagne, Brigitte Huguelet.
Un non, puis un oui à Tavannes
Mais revenons au thème principal de cette rubrique, la fusion. «Quand Michel Bourqui m’a proposé de regrouper nos deux clubs, dont les équipes fanion militaient toutes deux en 3e ligue, je n’ai pas hésité un seul instant à lui emboîter le pas. Il avait su trouver les bons arguments pour me motiver», affirme-t-il. «A l’époque, ma modeste ambition à Tavannes consistait à faire tourner nos juniors et nos deux équipes d’actifs. Et à ne pas nous endetter…»
Si le projet de fusion a facilement passé la rampe à Tramelan, à l’unanimité de l’assemblée moins une abstention, il a rencontré en revanche des oppositions du côté de Tavannes. A tel point qu’il fut carrément refusé lors d’une première assemblée extraordinaire. «En réalité, la majorité des votants avait bel et bien adhéré au projet, sauf que le quorum de 75% n’avait pas été atteint», raconte Marcel. «L’ennui est que je m’étais trompé dans mon appréciation des statuts. Ce quorum des trois quarts était nécessaire pour prononcer la dissolution du club, mais la majorité simple suffisait en l’espèce pour décider d’une fusion avec une autre association du même type.»
Forcément, l’affaire n’en est pas restée là. C’est l’avocat Claude Brügger qui décela le vice de forme et incita le comité à convoquer une seconde assemblée extraordinaire. Et là, en l’absence des réfractaires du premier soir, frustrés et boudeurs, la fusion fut validée en deux temps et trois mouvements. Ouf!
Depuis lors, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts et, un quart de siècle plus tard, la création du FCTT apparaît comme une pleine réussite. Plus personne ne semble remettre en question le bien-fondé de ce choix. «Je n’ai aucun regret non plus. Nous pouvons être fiers de ce que nous avons lancé», glisse Marcel. «En 2015, je fus soulagé de rendre mon tablier après ces quatre décennies non stop. Je me demandais tout de même si nos successeurs allaient être à la hauteur. Eh bien, démonstration une fois de plus que personne n’est irremplaçable, ils l’ont été au-delà de toutes les espérances. Loïc Châtelain et sa garde rapprochée ont fait un sacré job, chapeau à eux! Leur mérite principal? D’avoir su éviter le cumul des fonctions, écueil récurrent à mon époque, et de s’être mis à la page en matière d’évolution administrative et sportive.»
«La roue finit toujours par tourner»
Comme on l’imagine, «Chuck» n’a que peu goûté à la récente relégation du FCTT en 2e ligue. «Mais je m’y attendais un peu», fait-il observer. «L’équipe a été poursuivie par la poisse et la perte successive de joueurs importants comme Nicolas Strahm, Donovan Ducommun et Thomas Girardi a pesé dans la balance. Ma foi, c’est le foot. Même si je suis convaincu que la place du FCTT se situe en 2e ligue inter, il ne faut pas songer à une remontée immédiate, mais plutôt reconstruire patiemment et sagement avec des jeunes de la région. La roue finit toujours par tourner. Pour ma part, je regrette juste la suppression il y a un an de notre équipe de juniors A. Il y avait là un bon réservoir.»